les planches de l'inspection des carrières de paris de 1855

atlas des carrieres

 

 

ATLAS DES CARRIERES DE PARIS

1855

 Nouvelle édition 2011 actualisée


Conception, réalisation, textes, photographies et documentation

 

 

- index des sites -

 


 

  

explographies

[ cube ]

acethylene

géologie

 planches igc

catacombes

topos

cartographies

atlas 1855

salle K

geopedia

 

 

 

 


www. explographies.com


 


préambule

 

les cartes anciennes

Introduction à l'histoire de l'Atlas des carrières de la ville de Paris

 - notice explicative -

 

Particularités des cartes extraites de l'Atlas souterrain et décryptage des anciennes planches


histoire de l'atlas

 

extraits

Historique de la cartographie souterraine et de l'atlas de l'inspection des carrières de 1777 à nos jours.

 

Extraits de l'Atlas

souterrain de 1855

(édition originale)


making-of

 

consultation

Analyse des cartes géologiques.

Conception et lecture des planches IGC

de 1855 à nos jours

 

Parcourir en ligne l'Atlas souterrain au format pleine Page. L'édition complète de cet ancien plan restaurée et enrichie.


les planches igc

 

crédits

Analyse des cartes géologiques.

Conception et lecture des planches IGC

de 1855 à nos jours

 

Toutes ces jolies planches restaurées ont été réalisées de 2006 à 2009

grâce, avec et par...

 

aide

:: Menu complet ::

[> cliquer ici]

 

 


www. explographies.com


 

Ce site est recommandé par

le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche

et peut être utilisé comme support pédagogique.

 

 

L'atlas des carrières de Paris vous est ici proposé pour la première fois depuis 150 ans. Cette publication* est accompagnée d'articles présentant son histoire et ses différentes particularités.  L'étude et la diffusion exclusive de ces planches exhumées d'anciennes archives n'aurait pu avoir lieu sans la collaboration de toutes les  personnes ayant participé à ce projet (infographie, coordination, recherche historiques, documentation...). Nous espérons que ces travaux satisferont tous ceux qui mènent des recherches à ce sujet, ou qui, tout simplement auront la curiosité de suivre cette aventure. Une publication complète sera proposée en consultation au terme des études et de la reconstitution complète de cet ouvrage.

(1-nov. 2006)

atlas 1855

La longue histoire des plans dressés par l'inspection des carrières commence à la création de ce service chargé, dès 1777, de répertorier tous les vides résiduels persistant sous la Capitale après l'exploitation intensive des carrières souterraines. Ces planches d'une grande valeur historique, rassemblent une incroyable densité d'informations, sur la nature géologique des sol, les dangers qu'ils peuvent présenter, mais également sur l'évolution des immeubles et monuments se trouvant au dessus. Ces tracés extrêmement précis reconstituent en quelque sorte toute l'histoire de Paris, du sol au sous-sol, de ses bâtiments à leurs fondations, traversant près de 250 ans d'histoire et présentant parfois des vestiges beaucoup plus anciens.

En introduction à cette étude consacrée à l'atlas des carrières, la meilleure illustration ne peut être que la superbe notice explicative de l'atlas lui-même, riche en enseignements et en anecdotes inédites ... Il s'agit sans aucun doute de l'une des descriptions les plus claire et les plus synthétiques décrivant  l'histoire méconnue du sous-sol Parisien, de la constitution du service de l'inspection des carrières et de l'élaboration des plans qui seront rassemblés plus tard sous la forme de l'atlas souterrain de Paris.

 [notice explicative de l'atlas souterrain de la ville de Paris]

plan des catacombes montsouris 1815

Plan de la plaine des catacombes au midi de Paris - 1815

 

En 1853, l'idée de regrouper ces travaux cartographiques va germer. Les plus hautes instances de l'époque vont donc ordonner le classement de ces milliers de planches éparses, témoignant de plus d'un siècle de recherches acharnées dans  les sous-sols de Paris et de de sa proche région. Tous les vides de carrières sont ainsi répertoriés ; on entend par là, les cavités souterraines connues de l'époque, les formations géologiques observées lors de très nombreux sondages, ainsi que les travaux exécutés consécutivement. Ceci inclue donc une  importante quantité de souterrains remblayés, effondrés ou foudroyés par la suite, dont il ne reste plus aucune trace visible. Ci-dessus : planche de 1815 par Héricart de Thury orientée NNE, allant de l'ossuaire municipal (à gauche) à l'observatoire (à droite), en passant par la carrière à ciel ouvert de la fosse aux lions (au milieu et en bas)

 

hericart de thury

M. Louis Héricart Ferrand, vicomte de Thury

 

Toutes ces informations sont synthétisées sur ces cartes constituant, en somme, la mémoire chronologique, l'histoire même du sous sol. Pendant le premier siècle d'activité de l'IGC*, l'importance des travaux exécutés sera considérable ; la plus grosse partie des ouvrages et des inspections sera faite durant cette période, et déclinera peu à peu pour  s'achever au début du XXème siècle. Les deux principaux inspecteurs des carrières  qui auront en charge le service des carrières de 1777 à 1815 vont rassembler un grand nombre de notes, complétées par leurs successeurs, bien souvent inspecteurs eux même, secondant les travaux de MM Charles Axel Guillaumot et Héricart de Thury. Cet « âge d'or » de l'inspection des carrières se poursuivra jusqu'à la guerre de 1870 qui se révèlera être un point crucial de cette histoire des archives souterraines de Paris.

*IGC : Inspection Générale des Carrière. - IdC : Inspection des Carrières

eugène de fourcy

M. Eugène de Fourcy

 

Au milieu du 19ème siècle, l'Inspection Générale des Carrières est confiée à M. Eugène de  Fourcy, qui va collecter  ces documents et entreprendre la constitution du premier Atlas des Carrières. On estime à 3000 le nombre de planches produites sous l'inspectorat de M. de Thury, auxquelles s'ajoutent tous les travaux menés par Guillaumot, Lorieux, Juncker... et leurs nombreux successeurs. Ces plusieurs milliers de documents, plans, relevés et notes sont synthétisées sur de nouvelles planches au 1.1000e qui vont former le premier Atlas des Carrières. Celui-ci sera mis en oeuvre en 1850, officialisé en 1853 et achevé en 1855. Une seconde édition de 1859 verra le jour : 17 planches reliées "à l'italienne" qui feront désormais référence. Dès lors, et jusqu'à la guerre de 1870, soit pendant 15 ans, l'inspection des carrières sera dotée d'un outil efficace et centralisé pouvant être régulièrement actualisé pour ce qui est de Paris et de sa très proche région, tout du moins. Le reste des documents relatifs à l'île de France seront consignés sur des planches distinctes archivées avec l'Atlas.

 

incendie hotel de ville paris

Incendie de l'Hôtel de Ville de Paris

 

A la fin de la guerre de 1870, soldée par une défaite, une insurrection va naître dans Paris parmi ceux qui vont refuser d'accepter la victoire des Prussiens. "La commune" va opposer représentants du pouvoir en place, contraints de se retirer pendant quelques semaines au château de Versailles (Les Versaillais) et les "Communards", établissant un gouvernement insurrectionnel tenant Paris et ses administrations.  Les très graves troubles qui s'en suivront vont indirectement plonger le service des carrières dans ce conflit. Ces relevés précis des souterrains de Paris, tout comme ceux des Forts dressés aux portes de la capitale deviendront un enjeu militaire et stratégique. Dans un premier temps, une « indifférence polie » permettra à L'inspecteur Jacquot alors en place d'éviter tout engagement. L'administration va se mettre progressivement en repos. Les ouvriers seront chargés de travaux à l'écart des troubles en proche banlieue, et l'Idc va tenter de sauver ses précieuses archives en se retirant discrètement de la capitale pour traiter les affaires courantes. Cette "résistance" n'aura qu'un temps, et devant l'empressement des communards à s'emparer des précieuses planches, Jacquot n'aura d'autre choix que se s'exécuter le 21 avril 1871. En représailles, il sera destitué de ses fonctions, et c'est un révolutionnaire, totalement étranger au service et à ses méthodes, qui va le remplacer. Celui-ci aura toutefois l'occasion de s'illustrer marquant à jamais l'histoire des carrières Parisiennes. Sa seule décision inhérente au service sera de faire transférer immédiatement la totalité des  archives de l'Idc à l'hôtel de ville de Paris. Le monument sera incendié cette même année, réduisant en poussière un siècle de travaux souterrains; une documentation colossale accumulée depuis 1777 et à jamais perdue.

 

L'Atlas de "1870" (plus précisément daté de 1873) est la version la plus connue, consécutive à la destruction historique de la mairie de Paris. Ce document ancien, dispersé dans les collections et les administrations est en quelque sorte, le vestige des éditions antérieures dont il ne reste que de très rares exemplaires. De cet incendie, rien ne fut sauvegardé. Les seules traces de l'Atlas dans les archives actuelles de la ville de Paris ou de la bibliothèque nationale ne remontent qu'à 1859. On peut se hasarder à conclure que plusieurs copies de l'atlas de 1855/59 furent dressées, ou que l'administration confiée à M. Jacquot aura procédé, compte tenu des circonstances, à conserver des archives des travaux menés jusqu'alors par Eugène de Fourcy. La perte n'en demeure pas moins inestimable, notamment pour les milliers de planches dressées par H. de Thury et Guillaumot témoignant de leurs travaux et découvertes de 1777 à 1815, sans oublier celles de leurs successeurs.

 

exposition universelle

Exposition universelle - Palais de l'industrie - Paris 1855

 

On pouvait néanmoins présumer qu'un certain nombre de documents aient survécu à cette époque trouble, nonobstant l'absence de traces ou de vestiges. La chronologie exacte de cette histoire demeure donc imprécise. On sait que les premières planches de l'Atlas sont rendues publiques à l'exposition universelle de 1855 et qu'elles vont y emporter un fort succès, obtenant même la médaille de première classe au pavillon de la ville de Paris qui présente à cette occasion diverses cartographies de la capitale. L'Atlas de 1855 présenté ici sera donc, vraisemblablement, une pré-version reliée, consécutive à l'exposition universelle, qui sera retravaillée pour être de nouveau éditée en 1859.  ( On notera pour l'anecdote qu'en commençant ses travaux sur l'Atlas, M. de Fourcy n'est encore qu'un inspecteur, et qu'en l'achevant en 1859, il sera devenu inspecteur général des Carrières.) Les tourments de cette période de l'histoire n'auront sauvegardé que très peu d'exemplaires de l'une ou de l'autre de ces éditions. A la fin de la guerre de 1870, l'inspection des carrières reformée et l'autorité rétablie vont tirer des enseignements de ces événements. Un arrêt du conseil municipal de 1873 va décider  de dresser de nouvelles planches au 1.1000e  et de les rassembler sous la forme d'un Atlas (celui de "1870") reproduit et imprimé en plusieurs exemplaires adressés à différentes administrations pour en garder trace quoi qu'il advienne.

 

 

Cet "Atlas de 1870" sera le point de départ des nouvelles archives de l'Idc dont on extraira progressivement les planches à l'usage des ingénieurs et techniciens de la ville de Paris pour l'exécution de leurs travaux. Cette indispensable "mémoire" du sous-sol pour bâtir les constructions de la capitale entraînera la productions de plans toilés : la planche complète  sera découpée en petits rectangles cartonnés collés sur une toile épaisse. Ce format très commode pour des relevés de terrains sera utilisée fin 19eme et début 20eme, ce sera l'ancêtre de la planche IGC telle que nous la connaissons aujourd'hui. Les besoins immobiliers grandissant, la multiplication de ces planches rendra vite leur consultation indispensable puis obligatoire aux bureaux d'études et aux architectes avant d'entreprendre des travaux de construction. Il s'agira donc d'en faire une version sur papier imprimé, diffusable en de nombreux exemplaires. Dans les années 60 ces planches seront peu à peu mises à disposition du public qui peut, depuis, en faire l'acquisition directement auprès des services de l'inspection des carrières de Paris ou de Versailles.

cartes

On mettra alors à jour les numérotations des  34 planches de l'ancien atlas de Paris au 1/000e, qui vont passer à plus de 457 planches au 1/500e englobant la Capitale actuelle, et les villes sous-minées de proche banlieue : Nanterre, Rueil, Vincennes, Villemomble, Bagneux, Gagny... etc. Une nouvelle carte d'assemblage va permettre de trouver rapidement le numéro correspondant au secteur cartographié. Cette numérotation comportant  2 chiffres et une lettre - (72B) - sera révisée en 1968 sur les planches de Paris pour une codification plus simple : 2 chiffres indiquant une coordonnée horizontale, et deux autres pour la situer sur une échelle verticale (22-56). L'Atlas moderne regroupant les planches IGC de la ville de Paris est né. Il nous conduira vers le 3eme volet de cette exploration des souterrains de Paris à travers les cartes répertoriant la liste de ces planches et leur contenu.

 


 

theodolite alidade dessin

Les premiers relevés furent établis à vue, à la boussole et au cordeau. On Procédait par un simple croisement trigonométrique en plantant des clous de repères numérotés dans les masses calcaires, pour les mesurer à l'aide de cordes graduées et d'une boussole. En recroisant les données on obtenait une représentation certes laborieuse, mais juste. L'apport du théodolite pour mesurer les angles améliore grandement l'établissement de ces cartes qui gagnent en précision. Ces planches des sous sol sont également superposées aux empiètements des maisons situées à l'aplomb établis par les cadastres. Cette précision permet notamment d'établir une carte des risques naturels, au besoin, bâtiment par bâtiment, préoccupation, qui dès la création de l'inspection des carrières en 1777 a conduit les premiers inspecteurs à apposer des plaques taillées indiquant le numéro des rues situées à l'aplomb dans les galeries souterraines.

 

theodolite

Théodolite - Instruments de mesures d'angles

 

Aujourd'hui, certaines planches sont encore dressées,  avec des moyens modernes, lorsque les archives se révèlent incomplètes ou inexistantes. Ceci concerne en particulier les cartographies géologiques d'île de France, allant au delà des communes limitrophes dont les cartes sont associées à celles de Paris même. A la différence des planches Parisiennes remises à jour en fonction des inspections, des éventuelles évolutions géologiques ou des injections, ces planches franciliennes doivent parfois être dressées de toutes pièces. Ceci explique en partie le fonctionnement assez différent des services de Paris et ceux de Versailles. Ces derniers étant par nécessité amenés à recourir régulièrement aux relevés de terrain pour compléter les données existantes sur les sous sols des département 95, 92, 78 et 91. Les procédés de cartographies souterraine méritent donc qu'on s'y attarde un peu pour mieux comprendre le travail que représente ces méticuleux relevés topographiques.

 

Rendu sous Autocadtm des coordonnées relevées par l'IGC

 

 

Les méthodes topographiques actuelles reprennent en partie les anciens procédés utilisés par l'IDC. Ces techniques modernes ont cependant considérablement amélioré la transcription des cartes dressées par les géomètres. Les coordonnées polaires sont désormais enregistrées puis reportées avec une extrême précision sur des projections Autocadtm. Une fois intégrées, et vectorisées, on obtient une planches aux cotes, et un nombre illimité de couches qui vont permettre de "documenter" ce tracé en différenciant les masses remblayées, les masses calcaires, les ouvrages de consolidation et les particularités géologiques de terrain : fontis, karst, ciels tombés etc...

 

 

Rendu Noir et Blanc au 1/500e après traçage des galeries

 

L'aspect de la planche ainsi levée va  beaucoup plus se rapprocher d'une topographie "moderne" utilisée dans le domaine de la construction ou des travaux publics, que des anciennes cartes reproduites par des procédés de gravure. Ce tracé géologique va pouvoir être très précisément superposé aux données cadastrales et être actualisé par des contrôles de terrains puisque la configuration du sous sol et de la surface sont sans cesse susceptibles de changer. Il suffira alors de procéder à une mise à jour du fichier, sans devoir pour autant "éditer" une nouvelle série de planches imprimées en plusieurs centaines d'exemplaires.

 

plan cadastre

Relevé vectoriel du cadastre reporté sur une planche IGC

Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

Grâce à ces procédés, le format de la planche pourra être variable tout autant en taille, qu'en aspect. On pourra, selon les besoins, sortir des "rendus" différents ne possédant que certaines couches d'informations, et même éditer, grâce aux traceurs modernes, des formats particuliers d'une longueur uniquement limitée par la taille du rouleau et la largeur de la bande :  généralement 73 ou 91 cm. L'échelle des planches pourra également être modifiée à volonté pour obtenir une vue globale (au 1/1000e) ou des agrandissements plus détaillé (au 1/500e). Ces documents informatisés extrêmement précis permettent ainsi une mise à jour en temps réel et un accès direct à l'informations sans manipulation de papier répondant à un besoin pratique : connaître la nature exacte du sous sol à un endroit donné avec le plus de fiabilité possible.

 

rendu plan souterrain

Rendu couleur au 1/500e  avec les différentiations de masses

Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

Une fois levée, et à partir de tous les éléments décrits ci-dessus, la planche est prête à être retravaillée par les ingénieurs géologues qui vont compléter le travail des géomètres. La planche possède déjà toutes les informations géographiques, cadastrales, altimétriques  (hauteur des galeries, cotes du sol et du ciel de carrière...) auxquelles vont être ajoutées les observations géotechnique (ci-dessous, en vert) renseignant sur l'état précis de fracturation des bancs de roches ou des piliers. On pourra observer la précision du résultat obtenu et la qualité du travail de retranscription. La planche est désormais achevée, elle va pouvoir être archivée et stockée dans les archives informatiques et cartographiques de l'Inspection des Carrières où elle restera jalousement conservée...

 

plan geologique

Rendu complet avec masses, altimétrie et relevés géotechniques

Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

Ces planches imprimées en série et commercialisées devenues peu rentables sont donc progressivement vouées à disparaître, pour être uniquement destinées aux professionnels sous forme d'extraits numérique, selon les même procédés que les cartes vectorielles de l'IGN ou les systèmes de navigation GPS. Les impressions localisées sont réalisées - au besoin - pour connaître la nature d'un sous sol. Il est donc probable que d'ici à peine une décennie, les anciennes planches papiers imprimées devenues très peu rentables, ne soient devenues qu'un souvenir de collectionneurs... pour devenir une affaire de spécialistes.

voir aussi : [les planches de l'inspection des carrières]

Pour découvrir le contenu de ces différents documents, il sera nécessaire de pouvoir lire - au moins sommairement - une planche IGC. A première vue, toutes ces cartes du sous-sol, qu'il s'agisse des différents plans des carrières, des anciennes, ou des nouvelles cartographies de l'IdC, peuvent sembler compliquées et même parfaitement  incompréhensibles...  Cette analyse détaillée de l'Atlas sera donc une occasion idéale de s'initier au "décryptage" de ces planches.

 

 

Il s'agit de s'imaginer que ce sous sol est  un empilement de couches de nature différentes. On va donc y trouver un tracé de la surface (tout ce qui se trouve au dessus du sol et en premier lieu le tracé des constructions), et une représentation souterraine de l'étage géologique que l'on va cartographier : ici, et en général l'étage calcaire qui aura fait l'objet d'exploitations. (On pourrait aussi bien décrire l'étage de craie ou de gypse, mais dans ce cas présent, c'est du calcaire)

 

Autrement dit, ces planches sont simplement une superposition de ce qui se trouve au dessus (la première couche sur ce schéma), et de ce qui nous intéresse en dessous : le plan des vides de carrières.

 

Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

Cet étage calcaire, creusé pour extraire la roche est composé : des vides (les galeries souterraines), des masses de roches (laissées en place), des ouvrages de confortation (murs, arches, voûtes, piliers... construits pour consolider ces vides), et enfin d'énormes masses de remblai (essentiellement formés de terre généralement rapportée depuis la surface pour combler des vides). Un certain nombre d'indications "techniques" vont compléter ces informations. Quand on assemble le tout, on obtient la vue ci dessous, rassemblant les couches calcaires, les consolidations et les masses de remblai, autrement dit : la carte géologique du sous sol.

 

N'oublions pas que ces planches, aujourd'hui accessibles au grand public, (tout du moins pour celles de Paris) sont initialement destinées aux professionnels, géologues, ingénieurs, architectes, bureaux d'étude ou de construction. Il leur est indispensable de connaître la composition du sous sol, mais aussi son 'historique" pour savoir ce qu'il s'y passe exactement. On y trouvera donc les différents incidents qui se seront déroulés au fil du temps : formation de fontis, effondrements, instabilités, sans oublier ...tout ce que les différents services spécialisés auront réalisé pour y remédier : consolidation, piliers, injections, remblaiements.

 

 

plan du val de grace             vla de grace plan restauré

Agrandissement du Val de Grâce  -  Atlas des carrières 1855

Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

Voilà pour la théorie. Si on sépare toutes ces informations, on obtient donc autant de couches qui, une fois superposées semblent complexes. Pourtant cet ensemble n'est qu'un "résumé", une simplification géologique ne comportant que les éléments essentiels à une lecture synthétique sur un document unique. On va donc mentalement séparer ces couches en utilisant les couleurs pour mieux les différentier, comme nous venons de le faire ci-dessus. Et là, tout va être forcément plus simple puisque d'un simple coup d'oeil on pourra consulter plusieurs cartes en même temps.  

 

Illustrations : à gauche, extrait de l'Atlas des Carrières de 1855, à droite ce même plan réalisé sous forme vectorielle pour les besoins de ce site.

Sur ces cartes de 1855, de 1859 et de 1873, on va bien entendu retrouver toutes ces indications, à la différence près, qu'elles ont 150 ans d'âge. Ces planches succèdent, comme nous l'avons vu plus haut, aux travaux des services d'inspections des carrières depuis 1777. On retrouvera donc certainement dans des planches de 1855, des annotations des inspecteurs les plus éminents, Héricart de Thury (inspct. 1815 -1830), de Guillaumot (inspct. 1777 - 1806) et de leurs confrères, reportées de cartes en cartes, ou ne notes en notes, depuis très longtemps...

 

planche restauree atlas 1855

Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

La lecture de ces anciennes cartes est assez simple, et même plus simple que celle des cartes "modernes". Y figurent moins d'annotations techniques, et moins de détails. C'est donc une parfaite introduction aux planches actuelles. Les tracés de surface, représentés en noir, remplis de gris foncé, ne sont indiqués que pour les constructions situées à l'aplomb de galeries. Conformément aux textes de lois, encore en vigueurs, la consolidation s'est faite pratiquement exclusivement en suivant l'axe des rues. Ce tracé de surface est donc beaucoup plus allégé que sur les cartes actuelles où figurent tous les contours des monuments modernes... quand elles ont été mises à jour ;-) Les ouvrages de confortations des galeries sont figurés en bordeaux, les masses en jaune foncé, et le calcaire en beige foncé. La seule difficulté de lecture provient des gros ouvrages maçonnés (piliers, escaliers etc...) coloriés en gris clair.

 

fontis paris atlas

 

Si on regarde de plus près on remarquera une quantité impressionnante de fontis (zone en cours d'effondrement), et d'affaissements (zones effondrées) témoignant de l'état dramatique des vides de carrières de l'époque et de l'importance des travaux menés depuis. Les datations sont souvent établies selon le calendrier révolutionnaire ce qu'i n'est pas sans leur donner un certain charme. L'ensemble de ces galeries communiquent, on pouvait donc naturellement se déplacer dans tout ce réseau sans rencontrer les actuels murages de l'IGC. Ces planches mentionnent également une  gigantesque quantité de puits utilisés pour réaliser les travaux de confortation, sortir ou acheminer des matériaux et communiquer avec la surface, pour ventiler ce très grand réseau de galeries et y acheminer les équipes d'ouvriers comptant plusieurs centaines, voire, plusieurs milliers d'hommes.

 

plan d'assemblage atlas 1855

Carte d'assemblage des planches de l'Atlas des carrières de la ville de Paris 1855 à 1873 

Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

Enfin on remarquera que les cartes de l'Atlas se limitent à la moitié nord du réseau, aujourd'hui connu sous le nom de Grand Réseau Sud... se conformant aux contours du Paris de l'époque. Les plaines de Montsouris et de Montrouge ayant peu à peu été absorbées dans la capitale. Le paris de l'époque ne compte encore que 12 arrondissements répartis en spirale dans le sens inverse de la disposition actuelle, bordant les faubourgs de Paris et bordés des anciennes frontières fiscales de paris matérialisées par les barrières de l'octroi. On retrouvera là l'origine des noms de rues comme "la rue du faubourg Saint Jacques", devenue, rue st Jacques, et l'emplacement encore délimité des barrières de l'octroi dans les vides souterrains.

Atlas Paris 1855

Enfin, la plus grande particularité de ces planches anciennes est de montrer le faciès d'un "Paris souterrain" aujourd'hui disparu, parfois uniquement constitué des vestiges d'anciennes carrières à piliers tournés consolidées par la suite, remodelées en galeries, remblayées ou condamnées consécutivement à des travaux de surface et notamment la construction des ouvrages des lignes de Métro ou de chemins de fer. On pourra en particulier observer le contour des galeries telles qu'elles existaient encore avant la construction des ouvrages de défense passive ou les bunkers de la seconde guerre mondiale et même l'aménagement des galeries de l'ancien ossuaire municipal, devenu l'actuel musée des catacombes.

Sur cette figure, située au nord du Val de Grâce, on peut reconnaître les galeries parallèles de la rue st Jacques (3), les consolidations de Mansart et de la salle Z (2), mais surtout dans la zone (1) , l'absence de l'abri des feuillantines construit un siècle plus tard et qui servira d'abri de défense passive.


 

atlas 1855    plan paris 1855    plan historique 1855

Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

extrait igc 1855   plan de paris   plan historique

Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

Extraits de planches ORIGINALES:

::  Jardin des Plantes  ::

::  Vaugirard  ::

::  Carrefour St Jacques  ::

::  Le Carrefour de l'octogone  ::

::  Val de Grâce  ::

::  Ossuaire Municipal  ::

::  Ecole des mines  ::

::  Chaillot  ::

:: Carrières du XIIIème  ::

 

nouveau :

:: voir ici l'ATLAS en cours de reconstitution ::

 

 


 

A suivre ...

 

Vous pouvez poursuivre cette exploration des cartographies des souterrains de Paris à travers

deux autres dossiers entièrement consacrés à ce sujet :

 

Les planches IGC.

Description détaillée, décryptage, histoire et conception des planches anciennes et modernes.

 

 les planches de l'inspection des carrières

 


 

Les plans des catacombes.

Histoire des et étude comparative des plans des souterrains de Paris . Extraits et Téléchargements.

 

les plans des catacombes



  Crédits :

Coordination, infographie, reconstitution vectorielle et documentations

 

Iconographie, documentation et infographie

Jean-mi

 

Infographie et scripts Photoshop & travaux d'assemblage

 Gregory

 


Remerciements à :

M. Gilles Thomas   et  à   M. Denis Prouvost


 

- index des sites -

 


 

  

explographies

[ cube ]

acethylene

géologie

 planches igc

catacombes

topos

cartographies

atlas 1855

salle K

geopedia

Atlas souterrain de la Ville de Paris

 - www.explographies.com -
Textes, photographies et documents déposés.
© 2001-2011 explographies.com - Tous droits réservés - Publication, reproduction totale ou partielle interdite.