Carrières, souterrains &
CATACOMBES DE PARIS
Atlas souterrain de l'inspection générale des carrières
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Cette étude cartographique du sous sol de Paris va nous amener à découvrir les anciennes planches de l'Atlas des Carrières de Paris. Ce chapitre consacré à la cartographie souterraine nous emmène dans le monde des planches IGC modernes, de Paris et de la région Parisienne, au travers des topographies, des commentaires et des plans d'assemblages. Les deux autres volets consacrés aux très anciens plans du premier atlas de 1855 et à l'histoire des plans des Catacombes vous sont proposés sur ces deux sites respectifs : [Atlas de 1855] et [Catacombes de Paris] Ceux qui le souhaitent pourront bien entendu télécharger et imprimer certains de ces plans sous différents formats à titre de documentation ou tout simplement décoratif en suivant ces liens et en particulier le plan géologique de Paris.
Des tableaux d'assemblages sont consultables en annexe si vous souhaitez connaître une références et faire l'acquisition d'une planche en particulier. IGC Paris 1 place Denfert Rochereau - 75014 PARIS
IGC Versailles 145/147, rue Yves Le Coz 78000 VERSAILLES
Commençons par jeter un oeil sur une planche avant de rentrer dans les détails du plan lui-même. On parle ici de "planche" pour décrire cet ensemble constitué de légendes, de nomenclatures, de références et de commentaires. Ce qui se trouve dans les marges est aussi important que la topologie des lieux. C'est en tout cas une aide précieuse pour la compréhension du document. On va naturellement y trouver le titre et le nom du service (1a) ainsi que l'année d'édition et des révisions (1b). Jusque là, pas de surprise, ce sera l'Atlas des carrières, constitué par les services de l'inspection générale des carrières.
*Référence cartographique utilisée pour dresser les cartes, notamment IGN. Cette projection d'origine militaire définit les normes de représentations cartographiques par rapport aux parallèles. Elle est parfois modifiée et reprécisée, si bien qu'on peut trouver des coordonnées correspondant aux projections Lambert 1, Lambert 2, Lambert 69 ou Lambert 93 (utilisé pour le GPS depuis 2000)... toujours situées par rapport au méridien de Greenwich.
Comme nous l'avons vu plus haut, tout commence très simplement. Il suffit qu'un gisement de roche, de craie, de gypse, ou comme ici, de calcaire, ait été extrait du sous sol pour que demeurent des vides plus ou moins bien consolidés. Au 18ème siècle, l'IGC est chargée d'inspecter et de cartographier ces lieux en localisant notamment les carrières souterraines par rapport à la surface et en mentionnant leurs particularités. - L'ensemble de ces cartes permet de connaître précisément ce qui se trouve aussi bien au dessus, qu'en dessous. - On va donc voir dans le détail comment ça marche. Tout d'abord, on va essayer d'imaginer une de ces planches répartie en plusieurs calques transparents. Un petit effort d'imagination suffira pour que chaque couleur représente une couche. Une petite modélisation et hop, c'est magique on va obtenir chacune de ces informations sur des feuillets différents :
Le premier pour la surface : les dessins des rues et des bâtiments (en tracés noirs) Le second pour les masses de calcaire (ce qu'il reste du banc de roche après l'extraction) ; en jaune Le troisième pour les consolidations, murs, piliers, ouvrages construits par la main de l'homme : en rouge/bordeaux Le dernier va contenir la masse la plus importante : les parties comblées où le calcaire a été remplacé par du remblai. (en beige) Et voilà, on a maintenant plusieurs feuilles à partir desquelles on va tenter d'extraire des informations.
Nous allons donc considérer désormais que ces plans figurés sur de grandes feuilles de papier sont en fait en 3 dimensions comme sur le croquis ci-dessus. La planche sera donc le reflet de la surface, mais aussi et surtout, une projection de ce qui se passe en profondeur. On va donc faire comme si on lisait 3 plans, représentés sur 3 feuilles.
* C'est une indication fiable, et c'est de toute façon le seul moyen. On pourra remarquer que sur ces cartes ne son pas indiquées les courbes de niveau ou les reliefs. Les repères sont donc constitués des puits et des sondages dont les profondeurs sont indiquées.
Nature des sols Parisiens, et lecture des couches de couleur des planche IGC : On connaît déjà une couleur bien utile : le blanc qui nous renseigne sur l'absence de vides connus. C'est déjà ça. On pourrait donc se reporter à la splendide légende générale des planches des carrières et à ses camaïeux de couleurs pastelles mais on va se limiter aux quelques couleurs les plus fréquemment rencontrées : le beige, le jaune, l'orange, le bordeaux et le bleu.
Extrait de l'échelle colorimétrique - source : Inspection des Carrières -
Si on enlève toutes les couches déjà décrites jusqu'ici, il reste sur la planche une quantité énorme de textes indiquées en tout petit, relevant d'observations simples, rapportées ensuite sur les planches pour apporter un maximum de précision. Il s'agit principalement d'incidents géologiques, et de mentions concernant les puits, les sondages ou les forages.
Les carrières de gypse : Elles présentent un risque maximum, puisqu'elles sont sensibles à l'eau qui forme des poches de dissolution entraînant invariablement des effondrements. Le gypse est généralement protégé par une couche d'argile, qui assure l'étanchéité et évite les infiltrations... et qui a protégé cette roche de l'érosion après sa formation. Mais le sous sol peut être soumis à différentes forces qui en modifient la structure. Il suffit que l'eau pénètre dans ces immenses cathédrales de cristaux solubles pour que l'ensemble menace de s'effondrer. Toute construction est désormais interdite au dessus et aux abords de ces carrières inévitablement destinées à disparaître, par comblement, foudroyage ou effondrement. Les carrières de craie :plus solides que les précédentes,elles ont cependant une résistance mécanique assez faible. Ce problème provient de leur composition "fragile" provenant d'une formation dans des mers très calmes où le calcium qui les compose s'est en grande partie agrégé avec des d'éléments organiques. Ces éléments se sont très peu cimentés entre-eux et conservent beaucoup de petits espaces vides. On parlera d'une roche friable, mais qui se maintient beaucoup mieux que le gypse puisqu'elle laisse passer facilement l'eau qui pourrait la traverser, et ce, sans se dissoudre à son contact. Le risque provient donc essentiellement d'une activité qui pourrait solliciter la structure de la roche, quelle que soit son origine. Les carrières de calcaire : Le Calcaire forme une roche compacte et dure, dont les seuls risques découlent directement de l'exploitation de ces gisements par l'homme. Ces vides ainsi formés nécessitent d'être consolidés ou remblayés pour être maintenus en place. Au contact de l'air, le calcaire s'assèche et se durcit, mais il se laisse facilement pénétrer par l'humidité qui altère sa résistance mécanique. Tous ces puits forés par l'inspection des carrières permettaient donc de ventiler les galeries et de les maintenir en état. : (on les appelait ainsi les puits d'aération ou puits d'aérage) Les nombreuses consolidations dont elles furent l'objet les préservent en général d'accidents majeurs... on pourrait donc dire que ce qui présente le plus grand danger pour des carrières de ce type est d'être abandonné, muré, et cloisonné.
On parlera donc ici de phénomènes qui ne sont pas lié à la structure de la roche elle même mais à des événements ponctuels à l'origine d'incidents prévisibles, déclarés, ou survenus. Ils sont essentiellement constitués par les Fontis, à leurs différents stades d'évolution, ou à leurs conséquences, mais on peut bien entendu trouver de manière localisée des effondrements consécutifs à des problèmes de dissolution de la roche (gypse), d'instabilité mécanique, d'infiltrations d'eau ou de simples affaiblissements des galeries liées au manque d'entretien de ventilation par exemple. Qu'est ce qu'un fontis ? Le phénomène le plus généralement constaté est bien entendu le fontis. Pour comprendre ce que c'est, imaginons que le ciel de carrière - vulgairement : le plafond d'une galerie souterraine - est un peu comme le plafond de notre salle de bains. Avec l'humidité, on voit parfois apparaître des cloques dans la peinture ou sur le plâtre. En séchant, la peinture tombe, le plâtre s'écaille, et cette partie plus fragile va devenir de plus en plus vulnérable. Avec le temps, elle va se creuser, se désagréger, tomber par morceau ou par plaque sur le sol et former un trou dans le plafond de la salle de bains. Si on attendait longtemps et que le plafond était très épais, ce trou s'agrandirait de plus en plus , à force de s'humidifier, de s'assécher et de s'écailler. En géologie, on dit que la matière subit un "effort mécanique". Dans la nature, c'est exactement la même chose. Le plus souvent il faut d'abord des conditions défavorables : une roche fragile, un vide creusé par l'homme qui va accentuer les phénomène, de l'humidité... De la même manière notre plafond de roche - le ciel de carrière - va se décomposer littéralement en formant un début de cloche, un creux dans le plafond : la cloche de Fontis. Cette roche va lentement se déliter, tomber en plaques ou en fragments, mais rien ne va arrêter le processus : tant qu'il y a de l'épaisseur de roche, elle continue de s'effriter, à tomber en miettes sur le sol, juste en dessous de la cloche qui se creuse et s'élargit. Ce phénomène va se poursuivre en remontant irrémédiablement vers la haut, formant une grande colonne de vide, une énorme cloche de fontis pouvant atteindre plusieurs mètres et même plusieurs dizaines de mètres... jusqu'à "venir à jour". Un immense "puits" instable se forme, creusant peu à peu dans les couches supérieures jusqu'à la surface, atteignant un point critique où la résistance des roches ne suffira plus à soutenir les sols ou les bâtiments reposant sur ces fondation d'une extrême fragilité . Survient alors l'effondrement du terrain, des constructions, de la rue ou du quartier sur lequel repose ce château de cartes qui va être littéralement englouti en quelques secondes et former une gigantesque dépression d'air. Celle-ci va propager une véritable onde de choc dans les vides avoisinant, affaiblissant un peu plus les structures souterraines déjà rendues instables. Cet effondrement localisé mettra à l'épreuve la résistance de chaque pilier subissant des forces très importantes . Si certains d'entre-eux cèdent, c'est le fragile équilibre de l'ensemble qui sera mis à l'épreuve, pouvant alors se répandre et provoquer l'effondrement généralisé. Le phénomène décrit est tout à fait similaire à une explosion qui va se propager dans un espace clos. Le fontis se manifeste dans des carrières de calcaire ou de gypse, souvent favorisé par la présence de roches médiocrement résistantes (molles ou friables) et de terrains marneux (de la roche plus ou moins décomposée de la consistance de la pâte à modeler) en présence d'humidité importante. Il se développe d'autant plus en l'absence de consolidations appropriées.
Célébrissime dessin de Daniel Munier illustrant le mécanisme et l'évolution du fontis ( 1- Le ciel se fissure 2-Le ciel tombe 3- Le fontis se forme 4- Le fontis progresse 5- et 6- Fontis venu à jour )
C'est à la suite de ce genre d'effondrements qu'à été décidé la constitution du service des carrières qui ont donc pris soin de relever avec la plus grande précision toute présence de fontis et de consigner chaque effondrement survenu depuis leur création sur ces planches. La priorité aura été de stopper les plus avancés en les comblant , soit depuis la surface (fig.5 ci dessus), soit par des ouvrages réalisés en sous sol, puis de surveiller l'évolution des autres, et de consolider les galeries d'inspection par des ouvrages massifs pour garantir à l'ensemble de cette structure souterraine un maximum de stabilité. On obtiendra ainsi un certain nombre d'indications portées sur les planches IGC : f, indiquant un fontis, fr, un fontis remblayé, pouvant être comblé depuis la surface à partir d'un puits foré, ou depuis le sous sol, s'il est encore peu avancé, par des ouvrages de maçonnerie. Les mêmes indications f et fr en italiques, signalent les mêmes phénomènes produits dans le niveau inférieur du banc de roche, précisant souvent la date où les travaux de confortation ont été réalisés. On comprend donc mieux l'importance de la surveillance de ces phénomènes, et du suivi historique de leur évolution sur des décennies et même des siècles. Par la même occasion on notera que ces observations sont particulierement bien indiquées sur ces planches IGC. Elles ont d'ailleurs été précisément reportées sur le plan géologique évoqué précédemment, et actualisées dans les cas de l'évolution ou de formation de nouveaux fontis. Dans tous les cas de figure, il convient de se rappeler que cette liste évolue constamment et qu'elle n'est jamais exhaustive.
Cette petite description nous permet de mettre en rapport les phénomènes géologiques et les légendes de ces cartes qui vont naturellement mentionner avec précision ces phénomènes : on les observera dans l'ordre croissant du danger qu'elles indiquent.
* Les puits comblés en terre sont indiqués par un petit cercle rempli de beige, les puits comblés de béton par un cercle rempli de rouge. Les puits symbolisés par des ronds bleus indiquent des ancrages de puits bétonnés servant d'assise dans des carrières décapées pour des consolidations de fondations. ** Interprétation probable. Aucune mention de ces puits et de leur origine n'a été trouvée ailleurs. Jusqu'à preuve du contraire, c'est la définition la plus cohérente, mais elle est bien entendu tout à fait discutable. NOTA : Il peut arriver qu'un puits soit de plusieurs natures différentes : un puits à eau + puits de service remontant jusqu'à la surface, ou un puits de communication entre deux étages servant également de puits de service.
Carte d'assemblage des planches de l'Atlas des carrières de la ville de Paris 1855 à 1873 - © explographies.com Reproduction Interdite
L'échelle : L'échelle est généralement de 1/1000e (1 cm pour 10m), soit une vue assez large, demeurant néanmoins lisible. On peut trouver certaines planches réalisées au 1/500e pour des carrières de banlieue de taille plus modeste et présentant donc un niveau de détail beaucoup plus élevé, voire même certaines planches de l'IGC Versailles tirées au 1/5000e (donc une vue d'ensemble sur une carrière assez vaste). Ces échelles sont établies par simple convention : avec les moyens cartographiques actuels, l'IGC est en mesure de sortir des rendus de n'importe quelle taille, et donc de n'importe quelle échelle...
Les planches d'assemblage :
Carte d'assemblage des planches IGC de 1873 à 1968 - © explographies.com Reproduction Interdite
La numérotation des planches : On est loin des planches numérotées de 1 à 6 dans la première version de l'atlas souterrain de 1855 dont la carte figure ci-dessus [voir Atlas1855]. L'atlas moderne enrichi de plusieurs centaines de cartographies en compte aujourd'hui précisément 457 couvrant tout Paris et sa proche banlieue. Les planches ont connues un double système de numérotation jusqu'environ 1968 avec une lettre et 2 chiffres (pour la banlieue) ou un nombre à 3 chiffres (pour Paris) . Il est établi désormais suivant une grille à deux chiffres pour les abscisses et deux pour les ordonnées. On obtient ainsi une double numérotation des planches assez peu pratique si on possède à la fois des planches anciennes et des planches relativement récentes qu'on tenterait de vouloir faire correspondre. Sur le plan d'assemblage actuel, chaque planche est définie par une référence sur une grille horizontale (de 18 à 36 en partant de la gauche), et une référence verticale (de 34 à 55 en partant du haut).
Carte d'assemblage des planches IGC postérieures à 1968 (numérotation actuelle) - © explographies.com Reproduction Interdite
On a vu jusqu'à présent comment interpréter ces planches, les comprendre ou les déchiffrer. Cette lecture, même si elle demande un peu de pratique, demeure en quelque sorte similaire à celle d'une carte routière. C'est comme on l'a vu plus haut, un empilement de planches en 2 dimensions qu'on a séparé ici pour les distinguer plus facilement les unes des autres. Toutes ces coupes et ces codifications de couleurs ont comme but premier de refléter un état géologique du sous sol, mettant en évidence des vides de carrières et leur état. On peut donc difficilement éviter d'aborder les deux domaines qui sont finalement le fondement de cette cartographie : la géologie proprement dite, qui détaille la formation des différentes couches formant le sous sol, et accessoirement leur processus de formation. Dans le cas présent, on évoquera en particulier les formations sédimentaires du bassin Parisien. En second lieu, il s'agit de dresser sur ces cartes l'état exact des structures de ces roches, ou des consolidations qui s'y rapportent, c'est ce qu'on appelle la géotechnique, principalement basé sur des formules mathématiques permettant justement de calculer la résistance des matériaux. On essaiera quand même d'en définir les grandes lignes avec le plus de simplicité possible... ;-)
Pour ce faire M. Eugène de Fourcy a réparti cette masse globale comprenant les bâtiments, les terrains, l'eau des réservoirs et l'ensemble des structures porteuses sur un certain nombre de piliers. Ce calcul restant relativement empirique, l'ingénieur a tout simplement fait une estimation, puis multiplié les piliers et les murs jusqu'à obtenir environ 10 fois la quantité nécessaire. La petite histoire pourra paraître anecdotique... mais pas forcément ;-) Voyons un peu ce qu'il en est des méthodes modernes appliquées aux carrières souterraines. Ce calcul sera autant plus imprécis si on tente à présent de chiffrer la charge d'un banc de calcaire, et la résistance de piliers soutenant le ciel d'une carrière souterraine. Le calcul dans ce cas se révèle particulièrement ardu puisqu'il est extrêmement difficile d'apprécier la structure exacte de ces masses. En effet les variables vont ici être si nombreuses qu'il sera très difficile de connaître précisément la résistance de la roche.... et même des différentes variétés d'une même roche : plus ou moins humide, plus ou moins fracturée, et très certainement des combinaisons multiples variant dans les bancs d'un même étage. On sera donc contraint d'estimer la masse de toute cette épaisseur depuis le sous sol jusqu'à la surface, et sa répartition sur les éventuels piliers à bras, piliers tournés et confortations IGC. Il faudra donc dans certains cas se fier à l'observation (l'état apparent des roches visibles), l'expérience (l'évolution caractéristique de certains phénomènes géologiques : failles, fractures, karst...) et ajouter une petite pincée de réussite qu'on va compenser avec la méthode "Eugène de Fourcy" : la multiplication préventive des consolidations ou du volume d'injection prévu, qu'on pourra qualifier en termes techniques de "marge de sécurité". On pourra ainsi conclure que le procédé parfaitement étudié pour la construction d'une plate forme pétrolière, va devenir beaucoup plus difficile à mettre en oeuvre pour un ouvrage ancien dont la structure peut présenter des formes très variables. On verra donc dans le chapitre suivant comment sont adaptées ces besoins techniques aux cartographies souterraines modernes.
Les documentations de l'inspection des carrières sont également complétées par des planches techniques destinées à l'usage du service* ou à l'information des différentes administrations concernées pour l'établissement des Plans de Prévention des Risques Majeurs. Dans de nombreux cas, ces planches peuvent également servir de base pour l'information de bureaux d'étude, d'architectes ou de sociétés de travaux publics et même l'information de particuliers. On y retrouvera globalement la présentation des planches classiques "numérotées", ainsi qu'un relevé beaucoup plus précis de la situation géotechnique de réseaux de carrières isolés qui auront fait l'objet d'études spécifiques. Ces planches sont réalisées au 1/500e ou au 1/1000e selon les besoins. On y trouve un grand nombre de mentions ajoutées par rapport aux formes classiques de planches disponibles dans le commerce. Comme il l'est précisé au bas de quelques une d'entre elles : "Pour la compréhension de ce document, se reporter à la légende générale". Et bien allons voir alors...
* autrement dit : elles ne sont pas mises à disposition du public et sont réservées aux ingénieurs, géologues, géomètres... de l'IGC.
Planche n°280, épreuve provisoire de 1894 annoté par l'IGC et Planche 24-50 édition de 1988 Annotation : "Pilier à bras carré et pierres fendues" + indications de puits (ronds bleus) et présence d'eau. On remarquera l'absence sur la planche 280 Prov., de nombreux piliers d'ancrages des bâtiments construits à l'aplomb par la suite.
Pour conclure cette description détaillée des différentes cartographies souterraines, on s'intéressera dans ce dernier chapitre aux mises à jour de ces planches et donc à leur histoire intime, ou tout simplement inconnue : seul le résultat final est accessible au public; les spécialistes pourront dans le meilleur des cas comparer ces différentes éditions. Il est donc extrêmement rare de pouvoir observer ces étapes intermédiaires ; rare et particulièrement éducatif puisqu'on va pouvoir ainsi observer la méthode cartographique par elle même, l'évolution historique, et au passage des témoignages émouvants de personnages connus qui ont participé à l'élaboration ce cette histoire des carrières...
Ces cartes sont destinées à être continuellement modifiées pour refléter le plus fidèlement l'état du sol et de ce qu'il recouvre. Elles sont donc par nature évolutives en raison des travaux effectués en sous-sol, des évolutions géologiques, et des modifications des tracés de voirie en surface. Ceci explique en partie les différentes évolutions des versions de 1855 à nos jours dont on peut voir les dates des révisions en bas de carte. Si on ne s'intéresse qu'à la seule couche relative aux tracés de surface, on pourra découvrir les rues du vieux Paris, d'anciens commerces, abattoirs, zones urbaines réhabilitées ou transformés, les rues rebaptisées et l'apparition de nouveaux monuments. En sous-sol c'est la morphologie du réseau souterrain qu'on pourra observer sur les planches de 1855, avant les grands travaux de consolidation l'IGC, ou la construction d'abris de défense passive et de bunkers de la seconde guerre mondiale.
Planche n°280, épreuve provisoire de 1894 et planche 24-50 édition de 1988 Rectification du nom de la rue Jules Guesde, indiqué par erreur comme la rue Schomer, située à proximité. On remarquera l'apparition sur la planche de 88 des couloirs souterrains de ligne de métro n°14 (devenue n°13)
Ces différentes versions ne retracent pas seulement les modifications liées aux lieux, mais aussi les améliorations des cartographies elles-mêmes. Une lecture attentive des différentes éditions d'une même planche permettent parfois de relever certaines de ces mises à jour. La conception des planches fait bien entendu l'objet de plusieurs épreuves préparatoires pour aboutir au tirage définitif destiné à l'impression. Celles-ci ne sont généralement pas conservées, remplacées au fur et à mesure par leurs versions réactualisées, corrigeant des défauts de transcription, des tracés de galeries voir même, de véritables coquilles. Pour se rendre compte du travail rectificatif, il faudra donc se pencher sur ces "épreuves provisoires", extrêmement rares du seul fait de leur destruction systématique par les services pendant les phases d'élaborations des épreuves définitives.
Pour les passionnés de ces carrières ou de cartographie souterraine, c'est une perte considérable. Dans le fonctionnement d'un service administratif, c'est un simple brouillon qu'on jette à la poubelle, tout simplement par manque de place. Il en va de même aujourd'hui des fichiers informatiques sur lesquels sont tracées les cartes, remplacés par des versions ultérieures et supprimés progressivement.
Planche n°311, épreuve provisoire de 1894 - étage supérieur - et planche 27-52 globale édition de 1989 La comparaison des deux planches illustre le contraste entre cette version ne mentionnant que les galeries de l'étage supérieur et la compilation moderne des deux étages sur la même carte.
On prendra donc pour exemple certaines de ces épreuves provisoires réalisées à la fin du 19ème siècle et représentatives des travaux de mises à jour. Ces planches sont tout d'abord confectionnées à partir de tirages uniques renforcés pour résister aux manipulations faites sur le terrain. Pour faciliter les réactualisations on procédera à deux tirages distincts, indiquant les bancs d'exploitation supérieur et inférieurs. On utilisera un format cartonné, sur lequel la planche de papier, imprimée et découpée en plusieurs parties sera contrecollée sur une toile épaisse. Les modifications sont ajoutées à la main, de la plume même des inspecteurs. Elles seront ensuite dûment étiquetées, tamponnées, numérotées et classées dans les stocks de planches du service de 1894 à 1968 où l'on utilisera encore ces planches entoilées. (La méthode a fait ses preuves, elle est d'ailleurs encore utilisée aujourd'hui)
Planche n°321, épreuve provisoire de 1894 et planche 28-53 édition de 2001 L' 'évolution dans l'aménagement des rues bouleverse totalement les indications établies sur les planches dont on aperçoit le nouveau tracé. Les bâtiments se sont construits progressivement sur ces terrains encore en friche, puis ce tracé fut encore remanié.
Les annotations de ces planches de 1894 (voir illustrations), sont signées par Emile Gerards, à l'époque sous-inspecteur de l'inspection des carrières. On pourra d'ailleurs observer que M. Weiss (futur inspecteur général des carrières en 1907) y est cité en tant qu'adjoint technique sous l'inspectorat de Keller. Sur certaines d'entre-elles apparaissent des rectifications de noms de rues erronés, la modification des rues du "carrefour des peupliers" (13eme arrondissement), la présence de la fabrique des chocolats Lombard (ancien concurrent des chocolats... Poulain), des inventaires de puits et même des croquis signés E. Gerards, en mage des planches. Ces indications seront bien entendu reportées sur les cartes suivantes, faisant à leur tour l'objet de nouvelles modifications, de planches en planches, pour finalement passer de tirages provisoires en tirages définitifs, tels qu'on pourra enfin les observer sur les planches de l'inspection générale des carrières.
Exemples de planches entoilées - Atlas souterrain de Paris. (éditions anciennes) © 2001-2011 explographies.com - Textes, photos, images et documentations - Tous droits réservés - Reproduction interdite.
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Ainsi s'achève cette longue et passionnante description des planches de l'inspection des carrières modernes.
Pour en savoir plus vous pouvez également suivre ces liens
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ou des [l'histoire des plans des catacombes de Paris].
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Liens
Visite des catacombes de paris : www.catacombes-de-paris.fr- www.paris.fr
BD cavités : www.bdcavite.net
BRGM : www.brgm.fr
IGC Versailles : www.igc-versailles.fr
Association Française de topographie : www.aftopo.org
Bibliographies :
Atlas du Paris Souterrain : G. Thomas édition Parigramme
Gouffres et abîmes d'île de France : CCDF édition groupe spéléo du camping club de France
xyz, trimestriel édité par l'association Française de topographie
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