carrières souterraines et ossuaire municipal de la ville de paris

 

 

 Planches IGC

 

CATACOMBES DE PARIS

 Nouvelle édition 2011 actualisée


Conception, réalisation, textes, photographies et documentation

 

 

 

 

 

- index des sites -

 


 

   

explographies

[ cube ]

acethylene

géologie

 planches igc

catacombes

topos

cartographies

atlas 1855

salle K

   geopedia

 

 

 


 © 2001-2011 explographies.com
Textes, photographies et illustrations déposés.
- Tous droits réservés - Publication, reproduction totale ou partielle interdite. -


                     


 

 

 

 

 

Ce site est recommandé par

le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche

et peut être utilisé comme support pédagogique.

 

 

 

 

 

 

 


 

Carrieres de Paris Plan IGC Plan des Catacombes


 
 
exploitation des carrières l'effondrement de paris des cimetières aux carrières
Historique des exploitation souterraines dans la capitale. Cartographies des zones sous-minées du I2ème au 19ème siècle.
 

Les premiers effondrements de carrières dans la capitale à l'origine de la création du service de l'inspection des carrières

 

Le transfert des cimetières parisiens dans les catacombes de Paris et l'histoire du cimetière des Innocents.


 
 
la vie des carriers   les missions de l'IdC   premières visites des catacombes
Le quotidien des ouvriers de la pierre et des employés des carrières, les croyances souterraines et l'organisation du travail.
 

Les différentes missions affectées au service des carrières : l'inspection, la cartographie, la consolidation et la communication.

 

Echelles, numérotations des planches et correspondances des plans d'assemblages des planches IGC anciennes et nouvelles


 
 
défermage et souchevage   techniques de consolidation   visite guidée de l'ossuaire

Techniques d'exploitation et d'extraction du calcaire dans les carrières souterraines. La fin de l'exploitation en Région Parisienne.

 

Toutes les techniques de consolidation maçonnées et non maçonnées utilisées en milieu souterrain par l'IGC

 

La visite guidée est simple et gratuite. Pour tout savoir sur la visite du musée des catacombes de Paris...


 
 
exploitations de gypse    l' igc moderne   plan des catacombes

Comment se forme le gypse, et comment il est utilisé dans les plâtrières d'île de France. Les risques liés aux carrières de gypse.

 

Les services de l'inspection générale des carrière de 1968 à nos jours. Méthodes et  techniques utilisées.

 

Téléchargement du plan des Catacombes de Paris et visite commentée du musée de l'ossuaire municipal.


 
 
les champignonnières   inspecteurs et inspectorats   crédits

 Champignonnières et champignonnistes : La découverte du champignon de Paris, les conditions et les méthodes d'exploitation.

 

Le fonctionnement détaillé du service, les inspectorats et les ouvrages réalisés par les inspecteurs de l'Idc

 

Remerciements, références et quelques liens vers les sites se rapportant aux carrières et aux catacombes de Paris

 

 


musée des catacombes

site officiel, horaires & visites de l'ossuaire :

Catacombes de paris.fr - paris.fr - carnavalet.fr

 


Visites thématiques

Si vous voulez poursuivre votre exploration

à la découverte d'autres dossiers passionnants

Voilà de quoi vous amuser un peu...


 

> [ voir tous les sites ]

     


 www. explographies.com


 

 

Pour évoquer cette immense histoire des carrières de Paris, ce site vous propose de regrouper ici les trois grands thèmes de cette aventure souterraine. 

Le premier de ces dossier sera bien sûr consacré aux carrières souterraines elles-mêmes, principalement utilisées pour l'exploitation du calcaire, du gypse, et recyclées ensuite en champignonnières, pour produire le fameux petit blanc de Paris.

Notre second dossier fera le tour complet du service de l'inspection des Carrières, de 1777 à nos jours pour détailler son histoire, ses missions, ses méthodes de consolidations.

On abordera enfin le dernier de ces dossiers consacré aux carrières, en plongeant dans l'histoire des catacombes, et en suivant une visite guidée complète de l'ossuaire municipal de Paris.            

Bonnes explographies....

 

 

Depuis l'âge où  nos civilisations ont cherché à ériger les premières constructions durables, la pierre à bâtir a fait l'objet d'exploitations. Lieux de cultes, temples, ou habitations, la pierre constitue une richesse pour celui qui l'exploite,  quelle qu'elle soit, selon les ressources locales, granites, grès, marbres, craie… et dans la région qui va nous intéresser particulièrement, le calcaire.  

Les cartographies présentées sont extrêmement simplifiées. En gris figurent les limites actuelles de Paris, en bleu, la Seine, en blanc les limites du Paris de l'époque. Les carrières en cours d'exploitation (gypse et calcaire) apparaissent en orange, et les exploitations abandonnées en foncé.

 

Pour la partie "technique", des petits croquis illustrent en annexe les différentes méthodes d'extraction et de consolidation.

 

Ancien Plan de Paris  

Exploitation du Ier au XIIème siècle : L'exploitation primitive s'effectue de la manière la plus instinctive. Les morceaux de roches gisant au sol sont rassemblés et réutilisés, parfois taillés de manière rudimentaire. Pour continuer à pourvoir aux besoins, les bancs de roches compactes affleurant à la surface sont ensuite exploités, en utilisant si possible, les fractures naturelles pour faciliter leur extraction. Dès le Ier siècle après J.-C., les Romains exploitent ainsi la vallée de la Bièvre. Puis ce sont des fosses qui peu à peu se creusent pour s'enfoncer dans le gisement pour extraire toujours plus de pierre. On pourra ainsi retrouver au cœur de Paris une très ancienne carrière à ciel ouvert de forme circulaire, plus tard astucieusement réutilisée pour la transformer en amphithéâtre : les arènes de Lutèce. De l'antiquité au moyen âge, cette méthode d'exploitation à ciel ouvert ne requiert que de simples moyens, mais une forte main d'oeuvre pour être entreprise.


Paris au 18eme siecle  

Le calcaire s'extrait facilement, et présente une pierre au grain fin particulièrement propice aux constructions. Mais ces grandes fosses d'extractions se révèlent fort coûteuses, leur surface d’exploitation devient rapidement envahissante et ne permet pas pour autant d'exploiter le banc dans son ensemble. Celui-ci se présente sous forme de "lits" de qualités différentes, superposés les uns sur les autres. Ils seront exploités de manière anarchique, sans distinction de ces différentes couches jusqu’au XIIeme siècle. Ces pierres permettent d’ériger des monuments qui vont souffrir par la suite des lacunes de leurs bâtisseurs, en se dégradant  au contact de l’air et des intempéries. Les construction gallo-romaines seront démontées, leurs meilleurs blocs seront ré-employés, et on continuera d’extraire sans relâche en prenant progressivement soin de choisir dans ces bancs de calcaire les qualités qui offriront les meilleures résistances, afin de pourvoir aux besoins de cette ville importante qui va devenir peu à peu, une capitale.

     
Les anciennes Carrieres de Paris  

Au XVème siècle, cette méthode d'exploitation souterraine, va s’étendre dans les faubourgs de Paris, sur les plaines avoisinantes de Montsouris et de Montrouge. Ces nouvelles petites carrières fleurissent en surface et dans les sous-sols. De nouvelles techniques plus efficaces doivent permettre de sortir des pierres de qualité, en quantité de plus en plus importantes. En s’étendant loin des cavages(1), ces réseaux souterrains vont devoir être aménagés avec des puits verticaux munis de roues de levage pour éviter un transport laborieux jusqu’à la surface. Ces treuils de carrière (ou roues à écureuil) mus par un ouvrier gravissant des échelons permettent de remonter les blocs de plus en plus volumineux extraits du gisement. On utilise parfois les animaux de traits pour les actionner. Dans certaines exploitations les galeries seront sur-creusées et agrandies pour permettre à des attelages de chariots tirés par des bœufs ou des chevaux, de circuler dans ces réseaux de plus en plus sophistiqués.

(1) cavage (entrée de-  , bouche de-) : désigne les entrées de ces carrières souterraines

     
Histoire des Carrieres de Paris

 

 

Exploitation du calcaire au XVIème siècle Le développement des villes, puis des cités, va progressivement augmenter le nombre des populations et des monuments. Les constructions nécessiteront toujours plus de pierre, celle de Paris et de la région parisienne ne pourvoyant qu'en partie aux immenses besoins de la région, autant en quantité qu'en qualité. Les confréries de maîtres carriers prennent soin désormais de distinguer chaque gisement et chaque qualité de pierre pour extraire de ces bancs, les meilleures d’entre elles : le Liais Franc, un calcaire très dur au grain régulier qui va faire leur fortune jusqu’au XIXème siècle. Le commerce de la pierre est alors extrêmement florissant et va largement dépasser nos frontières.  De précieuses cargaisons transitent à travers toute l'Europe pour acheminer "le Liais" mais aussi pour importer d’autres qualités recherchées en France, provenant en particulier d'Italie connue pour ses célèbres marbres, et ses calcaires durs, veinés ou colorés ; les marbres de Carrare.

     
Plan des Carrieres de Paris  

Ces immenses gisements sont pourtant loin d'être exploités dans leur totalité. Le prix du carreau (pierre extraite dans le sens de sa longueur) ou du parpaing (banc extrait dans la largeur) atteint des sommets. Chaque masse de "pilier tourné"(2) laissé en place, constitue un manque à gagner sur un gisement qui se doit d’être exploité au maximum.  Au XVIIIème siècle, une technique italienne va encore améliorer le rendement de l'exploitation. Jusqu’alors, seule la moitié du gisement pouvait être utilisée. En "important" la méthode d’exploitation par hagues et bourrages, ce rendement va dépasser 90%. Tous ces vides vont être remblayés à l'aide de terres ou de déchets d'extractions peu coûteux, maintenus en place par des petits murs faits de pierres imbriquées les unes dans les autres : les Hagues. A intervalles réguliers, on va placer un grand nombre de piliers à bras prenant leur assise directement sur la masse, et rejoignant le ciel de carrière par empilement de gros blocs taillés de forme cubique. Cet ensemble forme une structure extrêmement solide.  (voir ici)

(2) Plier tourné : masse calcaire non exploitée servant de pilier naturel à la carrière

 
Plan des Carrieres de Paris  

On constate aujourd'hui encore, que, par comparaison, une consolidation par « hague et bourrage » n'est pas sujette aux pressions susceptibles de faire éclater la roche d'un pilier tourné ou d'un pilier maçonné moderne. Affranchie de cette rigidité caractéristique de la roche,  elle offre une certaine souplesse qui lui permet de se tasser, de se déformer, soutenant le ciel de carrière sur une grande surface.

 

En cas d'affaissement, elle continue de porter ces masses sans fragiliser les parties voisines de la carrière par effet de domino. Ces techniques seront utilisées par l'inspection générale des carrières du XVIIIème au XXème siècle, et sont encore reconnues comme des ouvrages confortatifs durables et efficaces souffrant moins des aléas du temps que  des consolidations en dur, par piliers maçonnés ou bétonnés. Leur portée est cependant bien moindre ; les deux systèmes se complètent donc parfaitement dans un dispositif de consolidation.

 

Annexe :

Evolution des techniques d'exploitation et de consolidation sous Paris


Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

Carrieres de Paris

 

Carriers de Paris

Ces vides sont exclusivement consacrés à la production intensive de blocs de calcaire. Les entrepreneurs feront peu de cas du devenir de leur gisement pour lequel ils paient une concession temporaire qu'il faut rentabiliser au maximum. Les ouvriers sont bien rémunérés, si on compare leurs salaires à ceux d'agriculteurs ou d'ouvriers. Cette tâche bien que pénible, permet de vivre toute l'année durant, sans interruptions dues aux saisons, aux rigueurs du climat ou aux intempéries. Ceci explique un grand afflux de main d'œuvre. Le carrier est payé à la pièce, c'est à dire qu'il débite des blocs et les achemine à l'air libre pour être rémunéré par un entrepreneur qui se chargera de les convoyer et de les revendre. Bien souvent un second marché parallèle s'instaure,  en dehors des concessions. Les ouvriers parfois associés pour se faciliter la tâche, travaillent pour leur compte et revendent quelques blocs supplémentaires. Ces diverses concessions cohabitent parfois, se confrontent, ou s'unissent. Ce monde souterrain est régi par des règles qui lui sont propres, de partage, de règlements de comptes et de corruption, participant même aux trafics locaux, ou à la contrebande sous Paris.

 

 
Inscription ancienne

Pour accomplir ces travaux, les entrepreneurs embauchent des hommes robustes, bien souvent des agriculteurs venus du Nord, des Normands, des Bretons, qui trouvent ainsi une source de revenu complémentaire, et parfois principale, en contrepartie d'un travail harassant et extrêmement dangereux. Les carriers embauchent traditionnellement à l'aube et sont payés au rendement. Chaque bloc extrait portera la marque du, ou des carriers qui auront œuvré pour le sortir du banc de roche et pour le tailler grossièrement. Celui-ci sera transporté ensuite jusqu'à l'entrée de cavage, ou au puits de levage le plus proche. Les travaux sont exécutés dans l'obscurité crépusculaire fournie par la faible lueur charbonneuse de lampes à huiles alimentées par toutes sortes de substances graisseuses. Les entrepreneurs fournissent parfois le combustible, en veillant à déduire leur coût des salaires versés à leurs ouvriers. Ces éclairages fournissent (à peine) la lueur d'une bougie mais durent longtemps et coûtent bien moins cher que la cire. Ils n'en sont pas moins accidentogènes, provoquant par manque de lumière de nombreuses tragédies, notamment lors de l'extraction et du transport de ces blocs de plusieurs tonnes charriés  à travers la carrière.    Illus. ci-contre : calculs de maçonnerie laissés par les ouvriers de l'igc

 

 
Chapelle catacombes

Les victimes sont nombreuses parmi les carriers ; on dénombre également des chutes dans les puits mal aménagés, et simplement équipés d'échelles de bois sommaires. Les règlements de comptes figurent aussi parmi les risques du métier. De tous ces dangers, le plus insidieux est sans doute « la cécité du carrier », frappant également  les mineurs, en raison du très faible éclairage dont ils disposent. Années après années, ces travaux dans la pénombre endommagent irrémédiablement la vue, rendant aveugles ceux dont l'espérance de vie dépasse les 30 ans. La corporation des carriers n'en oublie pas pour autant ses victimes, morts au cours de l’exploitation de la carrière. Les corps ne sont pas ensevelis sur place mais ressortis pour des raisons de salubrité. Il n’en restera que des marques dessinées, représentant des tombes ou des épitaphes, en mémoire d'un compagnon accidentellement décédé pendant les travaux d'excavation ou de charriage.

 

Les croyances et les superstitions des carriers sont nombreuses. Pour assurer leur protection, ils confient leur sort à des saints protecteurs dont on peut parfois retrouver des traces. Quelques chapelles, contenant autrefois des statuettes de « notre dame de dessoubs terre », de saint Vincent de Paul ou de St Clément (aussi symbolisé par des ancres de navires), subsistent, notamment sur l'axe de la rue saint Jacques. Il s'agissait de niches voûtées, polychromes, parfois peintes à la manière des églises sur des fonds bleu vif et des couleurs sanguines. Les croyances aident ces ouvriers accomplissant ce dur labeur à tenir, tout autant que le vin et l'eau de vie, servant de stimulant ou d'anesthésiant pour les travaux titanesques qu'ils ont à accomplir : sciages, défermages, levages ou transports de blocs atteignant parois 10 ou 20 tonnes.

 

 
Carriers de Paris

Le rythme de travail est soutenu, un ouvrier (voir hiérarchie ci-dessous) travaille sept jours sur sept dans la carrière mais peut se reposer une journée toutes les cinq semaines, le lendemain du versement du salaire mensuel (cette journée tombe un dimanche). Ces conditions ne semblent pas pour l’époque particulièrement excessives, et les ouvriers se contentent de ces « avantages » que leur accorde leurs employeurs, qui ne connaissent que peu de conflits avec leurs employés pourtant réputés pour leur caractère fort. Les meilleurs ouvriers et les contremaîtres sont parfois "autorisés" à cultiver sur les terrains surplombant l’exploitation… s’ils en ont le loisir… En dehors des horaires, le carrier est trop épuisé pour effectuer toute autre tâche domestique et c’est sa femme qui s’occupe entièrement du foyer. L’employeur quant à lui peut augmenter substantiellement ses revenus en logeant ses ouvriers dans des baraquements, déduisant en plus des frais divers, la pension qu’il accorde à ses employés qui deviennent alors entièrement dépendants de leur patron. Celui-ci leur garantit en contrepartie un travail, un logement et un moyen de subsistance à l’année, qui permettra, pour les plus chanceux, d’espérer nourrir leurs familles jusqu’à ce que leurs enfants puissent prendre leur place.

 

 

:: La hiérarchie des ouvriers dans la carrière ::

 

  • Les hommes d’atelier 

  • transportent les blocs depuis leur extraction jusqu’aux puits d’extraction et participent aux remblaiements et aux travaux de consolidations sommaires.

  •  

  • Les tâcherons

  • exécutent les travaux les plus pénibles, sont un peu mieux payés mais ne sont employés que pendant les périodes où l’activité d la carrière est la plus importante.

  •  

  • Les conducteurs

  • dirigent les équipes, embauchent le personnel et tiennent le compte des pierres livrées par les ouvriers. Ce sont bien entendu les mieux payés de ces équipes.

  •  

  • Les carriers

  • sont des ouvriers spécialisés qui extraient la pierre et sont payés à la pièce livrée à l’entrepreneur. On utilise également le terme de carrier pour désigner tous ceux qui travaillent dans la carrière (qu'elle soit souterraine ou à ciel ouvert).

         

 

La technique d'exploitation des bancs de roche pendant l'âge d'or des "maîtres carriers" du XVIème au XIXème sera sensiblement toujours la même. On creusera dans un premier temps des galeries de faible hauteur, dont on extraira les premiers blocs. Dans la carrière vont s'aménager des zones travail bien définies : celles où l'on va exploiter la roche : les ateliers de carriers, et celles où on l'aura extraite et qui sera consolidée au moyen de piliers à bras, puis par la méthode de hagues et bourrages décrite dans le chapitre précédent.

 

Les techniques d'abbattage dans une carrière souterraine

souchevage

Techniques de souchevage dans une carrière - Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

L'atelier va présenter le "front de taille", la masse de calcaire massive où l'on va pourvoir procéder à "l'abbattage" des blocs (leur extraction de la masse) délimités par des séparations naturelles (les couches géologiques) où chaque qualité de pierre apparaît séparée par des lignes, présentant des matières ou des duretés différentes. L'une de ces couches, très tendre, appelée le "souchet" va donner son nom à cette technique de "souchevage" qui consiste à creuser entre ces couches de manière horizontale . Si ce terme parait un peu abstrait on pourra le comparer à une grande planche de bois qu'on va d'abord débiter en suivant le fil de ses lignes horizontales, puis recouper verticalement en planchettes plus petites. Ce souchevage est illustré sur le petit croquis ci-dessous (1)

Carriere de Calcaire

 

Après ce souchevage, le banc de calcaire est  découpé par dessus et par dessous. Pour détacher un bloc de pierre, il suffira ensuite de découper les cotés, en suivant si possibles les fractures et les failles "naturelles" pour faciliter la tâche. C'est ce qu'on appelle le "défermage" de la roche (2).  Celui-ci se fera aux moyens de "coins éclateurs" insérés dans les fissures, de lances métalliques (semblables à des barres à mines),  et de différents outils, dont la "esse" qui servira à fendre ou à creuser la pierre.

 

defermage

Techniques de défermage dans une carrière - Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

Le bloc souchevé, puis défermé va ainsi se détacher du front de taille de son propre poids. Il sera sommairement taillé, puis acheminé par des roules (des rondins de bois) (3) , tiré par des charrues jusqu'aux entrées de cavages ou aux puits d'extraction (4) où il pourra être séché, et retaillé en moellons par les tailleurs de pierre. C'est ainsi que se déroule peu à peu l'exploitation de la carrière souterraine, où l'on va progressivement creuser les galeries, extraire la roche et consolider les vides pour avancer toujours plus loin dans les profondeurs du sous-sol.

Carriers

Carriers © explographies.com

 

Ces méthodes d'exploitation seront utilisées dans la capitale et dans toute la région parisienne. En 1810, un décret interdira définitivement toute exploitation des carrières souterraines, à Paris, puis progressivement dans toute la région parisienne. Cette data va coïncider avec une extraordinaire invention : le béton. Cette invention va permettre de nouvelles audaces architecturales, on pourra construire plus haut, plus vite, et surtout connaître avec précision les charges et les résistances des matériaux de construction, qui resteront invariablement les mêmes, offrant ainsi de nouvelles perspectives aux bâtisseurs du XIXème et XXème siècle. La transition sera immédiate. En quelques années seulement, le béton va supplanter la pierre. Cet arrêt sera parfois si brutal, que certaines exploitations seront abandonnées en  laissant sur place outils,  lampes  et même les derniers blocs extraits. Rares seront les exploitations qui parviendront à dépasser l'aube du  XXème siècle dans un monde où le progrès sera synonyme de béton et d'acier.

Les dernières carrières de banlieue s'éteindront progressivement, parfois recyclées en champignonnières où l'on cultivera le petit blanc de Paris sur les anciens remblais d'exploitation des carrières. Certains anciens carriers trouveront ainsi un moyen de se recycler dans ces exploitations. En 1939, Bagneux fermera définitivement les portes de la dernière carrière souterraine d'île de France encore exploitée.

 

Carrieres de gypse et de calcaire

 

coupe Geologique du gypse  

Le gypse et le calcaire sous Paris : Les carrières souterraines de Paris ont essentiellement été exploitées pour leur calcaire. Celles-ci représentent environ 770 hectares de la surface de la capitale, auxquelles ont peut ajouter environ 150 ha de carrières de gypse. La disposition de ces exploitations est clairement délimitée au tiers Nord de Paris, laissant au calcaire la partie Sud de la capitale. Ce gypse (dit "Ludien") est avant tout une formation géologique,  d'une composition complètement différente du calcaire (dit "Lutécien, du noms de leurs périodes de formation). Pour expliquer sa localisation particulière, dans le Nord de Paris, il faudra revenir un instant sur les circonstances de sa formation. Sans entrer dans les détails techniques, on pourra dire qu'il y a extrêmement longtemps (environ 50 millions d'années), juste avant le début de la formation du calcaire, un "petit" plissement du sol a rehaussé toute la partie Sud du bassin parisien. La mer a ensuite recouvert à plusieurs reprises cette région, déposant de nombreuses particules qui se sont agglomérées pendant environ 15 millions d'années pour former l'ensemble du banc calcaire.

Comment se forme le gypse ?  Immédiatement après cette époque, la mer s'est retirée et a laissé derrière elle des bassins (des petites lagunes) dans lesquels se sont formés de fragiles particules de gypse qui se sont cristallisés et amassées pendant environ 10 millions d'années. Les dépôts successifs de cette mer venue du Nord furent alors stoppés par ce plissement géologique (le plissement Yprésien) formant comme un barrage sur ce plateau surélevé du Sud de Paris. C'est ainsi qu'on a obtenu un sous-sol composé dans le Nord, d'une forte concentration de gypse à de très faibles profondeurs. Au Sud non-recouvert par ces couches, c'est le calcaire qui se trouve au pratiquement au niveau du sol. Cette faible profondeur (environ 20 à 30m) facilitant bien entendu l' exploitation qui sera faite de ces roches.(1)

Particularités du gypse : Comparativement au calcaire, ce gypse va avoir la particularité de se "dissoudre" au contact de l'eau.  On se demandera donc comment de telles hauteurs de roches sont encore présentes et n'ont pas tout simplement été érodées en quelques années après s'être formées. A certains endroits ce fut le cas. L'eau (mer, infiltration...) a tout fait disparaître.  Ce qui reste de ces gisements de gypse ne doit sa subsistance qu'à une épaisse couche argileuse formée juste après, et qui a protégé ces cristaux solubles des infiltrations. Ce petit chapitre géologique va nous permettre de mieux comprendre les applications immédiates de ce gypse : il se dissous très bien au contact de l'eau mais il forme aussi avec un excellent "ciment". Et c'est ainsi que les gisements de gypses vont naturellement devenir des "plâtrières".

 

(1) pour une explication complète de la formation sédimentaire de ces roches voir [gaia] : le calcaire et le gypse


 

Carriere des Ameriques  

 

L'exploitation du gypse a donc consisté à utiliser ces cristaux pour les transformer et obtenir une poudre servant ensuite de mortier. On va utiliser les parties supérieures des quatre masses de gypse. Sur le schéma ci-contre, on reconnaîtra la butte Montmartre et le sacré coeur. Juste à l'aplomb, dans le sous-sol, se trouvent les fondations de l'édifice, qui s'étendent très profondément dans le sous sol, à près de 40m sous le niveau du monument soutenu par des piliers ancrés (dans les masses de gypse qui ne seront bien entendu pas exploitées sous la basilique). Ces grandes masses de gypses vont être creusées  exactement comme dans le calcaire pour en extraire la matière première.  Cette exploitation va simplement se faire sur des hauteurs beaucoup plus importantes, compte tenu de la taille des bancs à disposition. Chaque couche de ces quatre masses disposées sur une hauteur d'environ 50 mètres va porter l'un des noms imagé que leur ont donné les carriers pour les différencier : les fleurs, le gros cul, les foies de cochon, les pots à beurre ou les crottes d'ânes...

 

   
Carriere de gypse  

Cette utilisation très ancienne du plâtre date des romains qui utilisaient les gisements affleurant pour confectionner certains mortiers. Elle va connaître aux XVIIIème et XIXème siècle une industrialisation qui vont transformer les carrières de Montmartre, des Buttes Chaumont, puis du Nord de la région parisienne (Cormeilles, Triel, Livry, Gagny...) en de gigantesques usines à plâtres fournissant les 2/3 de la production nationale, exportant ce mortier jusqu'aux Etats-Unis (donnant leur surnom aux carrières de Montmartre rebaptisées Carrières d'Amérique). Le gisement va être exploité à l'aide d'explosifs, puis les bancs inférieurs et supérieurs seront extraits à l'aide d'outils manuels, en formant des architectures très régulières de formes ogivales et presque triangulaires de grandes hauteurs caractéristiques des carrières de gypse. Le sommet de la masse supérieure sera consolidé par des madriers de bois maintenus en force entre les différents fronts de taille et formant une sorte de charpente de poutres chevillées.

 

 

   
Carriere de gypse  

Le minerai devra ensuite être ressorti de la carrière, à l'aide d'attelages de bœufs, de chevaux, ou sur des wagonnets poussés sur des rails. Dans les plâtrières situées à proximité, les blocs sont concassés, broyés  puis chauffés dans des fours à 150°C pour obtenir une poudre blanchâtre qui pourra être utilisée pure, parfois très faiblement mélangée à de l'amidon ou à des retardateurs pour des mortiers à prises lente. Ces carrières ne posent donc qu'un seul problème, c'est justement cette capacité à se dissoudre dans l'eau qu'on utilise pour fabriquer ces mortiers. Il suffira que la glaise ou l'argile qui forme une couverture de protection au dessus, se lézarde ou laisse passer des infiltrations d'eau pour que tous ces vides exploités se transforment à plus ou moins long terme, en château de cartes.

 

 

Cette roche mécaniquement très faible n'oppose aucune résistance aux  "fontis", ces phénomènes à l'origine des effondrements, qui se forment beaucoup plus facilement que dans les carrières de calcaire. On obtient ainsi, un siècle après ces exploitations, des zones totalement inconstructibles, en état de complète désagrégation pouvant dans le meilleur des cas être foudroyées pour les faire disparaître, ou dont les accès doivent être condamnés pour éviter tout accident.

 

Comment se forme un fontis ?

Mécanisme du fontis

(fenêtre pop-up)

 

 

Carriere de gypse

 

Illustrations :

1/ coupe de la carrière des Amériques sous le Sacré Coeur 

2/ Consolidations d'un ciel de carrières avec des poutres en bois

3/ Fours à plâtres des plâtrières de Montmartre 

4/ Majestueuse carrière de gypse en banlieue parisienne avec étayages en bois

 

 

Champignon de Paris  

La fin de l'exploitation des carrières :  Au début du XIXème siècle, l'exploitation intensive des carrières va s'achever, provoqué par la soudaine commercialisation du béton et  l'interdiction de l'extraction de la pierre.  Ces immenses cavités souterraines sont abandonnées du jour au lendemain par tous ces ouvriers vivant de cette activité depuis parfois plusieurs générations. Cet espace devenu inutile ne resta pas inexploité pendant longtemps puisqu'un parisien du nom de Chambry va découvrir par hasard le lien fortuit entre les carrières situées dans son voisinage et l'apparition de champignons sur un peu de crottin de cheval...

 

La découverte de la culture du champignon de Paris : Passant rapidement de la découverte à la culture, puis à l'exploitation commerciale, la demande ne cessa de croître, de sorte que notre entrepreneur dût faire l'acquisition de nouvelle carrières dans Paris (rue de la Santé) pour y étendre son exploitation, puis en banlieue, tant cette activité paraissait prometteuse. Il fut bien entendu très vite imité par d'autres exploitants qui prirent rapidement conscience du filon et de la possibilité de faire fortune dans la culture du champignon de Paris. Ces carrières abandonnées, vont redevenir aussi rapidement prisées qu'elles l'étaient au temps des carriers, pour servir de véritable champs de culture souterrains. Dans les années 40, on comptera une production de 40 à 50 kg de champignons produits par an et par toise. Sachant qu'on compte près de 20 exploitations en région parisienne, et qu'une carrière contient environ 2000 toises, on arrive à une production totale de 2000 tonnes de champignons par an, ce qui n'est pas négligeable.

   

Culture du Champignon de Paris

 

Chevre et entrée de carriere

 

Le biotope du champignon de Paris : Le secret de M. Chambry est une recette parfaitement naturelle qui découle de la température et de l'humidité de l'air particulièrement constants dans les carrières. L'absence de lumière favorise également cette culture qui ne se fait que très capricieusement à l'air libre.

 

Le milieu ambiant étant pratiquement idéal, il s'agit donc d'y ajouter les éléments indispensables à la culture du champignon ; celle-ci ne se développe que sur du fumier de cheval, et sur un fumier de qualité et d'origine spéciale auquel on a fait subir une fermentation particulière.

 

La fermentation du fumier : Pour commencer, on forme des meules de fumier d'environ 1,20m de haut (appelées "parquet"), à proximité de la champignonnière. Ce fumier va fermenter et dégager une certaine chaleur. Selon les champignonnistes, si ces meules sont moins hautes, le fumier ne va pas s'échauffer assez. Si elles sont plus grandes, la température de fermentation sera trop importante. 

 

Après trois semaines de cette alchimie, la paille contenue dans les "parquets" aura subi une fermentation chimique qui formera le composant exact pour la culture du champignon. Ils seront alors acheminés dans la carrière par les puits équipés de simples échelles de perroquets, ou directement depuis les anciennes entrées de cavages (vastes entrées directement creusées dans les carrières).

 


 

Champignon de Paris le Goptage

Champignon de Paris le Goptage

 

Culture et alchimie du champignon : Une fois dans la carrière, le fumier va être disposé en cordons formant des lignes  très régulières de 40 cm de haut sur 40 cm de large. Cette opération s'appelle "le montage". Ces dimensions se sont fixées avec le temps et l'expérience des champignonnistes. Elles vont permettre au fumier de fermenter de nouveau pour atteindre une température régulière de 18 à 20 degrés. La seconde étape consiste au "Lardage". Il s'agit cette fois d'ensemencer les meules en y faisant des trous et en y introduisant des petites plaquettes de fumier sec (appelées "mises") contenant du blanc de champignon se présentant sous forme de filaments blancs rayonnant à travers "la mise".

 

 

Ces semences vont constituer l'investissement le plus important du champignonniste, puisqu'il ne les cultive pas lui même. ( L'institut pasteur réussira après quelques années en le produire en laboratoire mais gardera ce procédé de fabrication industriel, se contentant de vendre les semences). Les meules sont ensuite lissées pour devenir bien régulières,  et on attendra une vingtaine de jours que les germes prennent dans le fumier pour passer à l'étape suivante : "le goptage". Il s'agit là "simplement" de recouvrir les meules d'une couche fine d'un à deux centimètres de sables ou de remblais,  à l'aide d'une taloche de bois. C'est cette opération qui va donner son aspect blanc et uniforme aux meules. Plus tard, cette pellicule sableuse sera obtenue au broyeur électrique, transformant les pierres de la carrière en poudre très fine que les tailleurs de pierres appellent le [Craon] et prononcent le [cran] ou [cron] selon les régions.

 

   
culture du champignon de Paris

Cheminée d'aération

 

Cueillette et entretien de la champignonnière : Quatre à huit semaines après le goptage, les champignons seront murs et pourront être cueillis. Les cultures devront pendant toute cette durée être maintenues dans une atmosphère humide, en les arrosant régulièrement. Pour "respirer" (absorber de l'oxygène et rejeter de l'acide carbonique), les champignons vont avoir besoin d'une circulation d'air constante et d'une température stable supérieure à 14 degrés. Les champignonnistes seront donc extrêmement vigilants à la température de l'air et du sol pour maintenir leur culture dans une atmosphère idéale. Pour conserver cet environnement chaud et humide, certains champignonnistes vont installer des chaudières en haut des puits de ventilation dans lesquels il vont alimenter un feu continu qui permettra de faire circuler l'air dans la carrière, tout en la réchauffant.

 

 

D'autres vont déplacer leur culture selon les saisons : proche de l'entrée en été pour faire entrer l'air chaud, et éloignée l'hiver pour le conserver. A la fin de chaque cueillette appelée "volée", on va renouveler la même opération en ensemençant de nouveau les meules. Celles-ci pourront resservir pour quatre ou cinq volées avant que le fumier ayant épuisé ses ressources ne devienne impropre à la culture. Il est alors rassemblé dans une cave spéciale, et revendu pour la culture maraîchère sous le nom de "corps de meules" constituant un excellent compost. Son prix de revente permettra de compenser entièrement son prix d'achat. Il faudra ensuite nettoyer complètement la carrière avant de recommencer entièrement le processus.

   
champignonniere  

Organisation de la carrière en champignonnière.  L'essentiel de la surface est consacrée à l'exploitation du champignon. On conserve généralement des salles et des caves pour y entreposer le matériel, constituer des stocks après la cueillette ou y déposer "le corps de meule" attendant d'être revendu. A l'entrée se trouve comme dans toute exploitation, un bureau, un magasin de livraison et de pesage et pour les champignonnières les plus importantes, une petite lampisterie servant au stockage des lampes acétylène. La carrière doit également être parfaitement propre pour éviter les maladies qui pourraient s'y propager et contaminer d'un seul coup toutes les meules. On procède donc à un "chaulage" des murs et du sol, jusqu'à une hauteur d'au moins trois mètre, en appliquant une couche de chaux vive sur les parois. C'est la raison pour laquelle de très nombreuses carrières présentent des murs très blancs, consécutifs à ces chaulages.

 

 

D'autres ennemis sont également traqués par les champignonnistes : rats, souris et mulots détruisant les cultures doivent faire l'objet d'une continuelle surveillance. Les insectes sont également attirés par les "blancs", coccinelles (appelées également les "suisses") et autres mouches sont de grands consommateurs de ces jeunes pousses de champignons. Ils sont éloignés avec de la poudre de naphtaline périodiquement dispersée dans la carrière (ou de la poudre de pyrèthre) dont l'usage se fait avec parcimonie pour ne pas affecter les cultures. Enfin, un autre "prédateur" inattendu fait l'objet d'une interdiction totale de visite dans certaines champignonnières. Il s'agit des femmes. :-) qu'il s'agisse de croyances ou d'une expérience fondée dont on se passera de chercher la cause, de nombreux champignonnistes les redoutent ; d'après les textes de l'époque, elles sont la "cause irrémédiable de dégâts, lors d'une présence, même passagère, à certaines époques du mois".

   
>  

Les carriers et la champignonnière : On pourra conclure ce petit chapitre consacré aux champignonnières, en précisant qu'un certain nombre de ces ouvriers étaient d'anciens carriers avant de se recycler dans ces cultures. Leur expérience dans ce domaine va leur servir à exploiter au maximum les ressources "naturelles" des anciennes exploitations de calcaires ou de gypse. En utilisant la poussière de pierre (le craon) ou la poudre de remblais pour réaliser le goptage des meules, ils vont littéralement vider les comblement effectués pendant les décennies précédentes pour consolider les galeries. On trouvera donc très fréquemment des vestiges de ces déblaiements en observant simplement la présence de "forets de piliers à bras", anciennement bordés de hagues contenant des masses de bourrages, devenus complètement isolés. Ces déblaiements offriront également l'avantage de libérer de la surface au sol pour étendre les exploitations le plus possible.

C'est certainement aussi grâce à cette expérience du travail en carrière, que ces anciens carriers vont préserver les consolidations les plus importantes en conservant une logique dans le choix de leur démontages, sans mettre en danger la carrière transformée en champignonnière.

 

 

 


 

 

 

L'histoire de l'inspection des carrières va commencer dans ce contexte d'exploitation intensive des carrières de Paris et de sa région. Le sous-sol de la capitale et de sa proche banlieue a ainsi abondamment été creusé, laissant d'immenses vides abandonnés et à peine répertoriés. Sur des centaines d'hectares, pratiquement dénués de consolidations durables, reposent des constructions de plus en plus imposantes et toujours plus nombreuses d'une ville immense : Paris.

Inévitablement, de gigantesques effondrements vont se produire dans la capitale.  Des terrains, maisons, et même des rues entières vont être englouties. En 1774, la catastrophe qui va plonger la rue d'Enfer dans les entrailles de la Terre va terroriser les parisiens : une rue connue aujourd'hui sous le nom du boulevard Saint Michel, située au beau milieu de Paris !

 

A la suite de ce drame, le pouvoir royal sera contraint de réagir devant ce problème de première importance. Les premières études se révèlent catastrophiques : les carrières souterraines sont immenses, totalement  instables et rien n'a été prévu pour contenir ce danger imminent. Un service spécialisé va ainsi naître dans l'urgence en 1776  pour tenter d'y faire face...

 

                             

 

effondrement dans Paris  

Les premiers mois de ce nouveau service se déroulent dans une certaine confusion. Une nouvelle série d'effondrements frappe la capitale en 1776 et accentue le trouble et la panique chez les parisiens, craignant une suite inéluctable d'affaissements généralisés, voire l'engloutissement de la Capitale dans les profondeurs de la Terre. On est certes arrivé à un point culminant de danger, mais cette série d'incidents ne revêt qu'un caractère statistique. Les "conseillers du roy" sont cependant en ébullition, si bien que deux services seront pendant un temps nommés pour accomplir les mêmes tâches, avec une rivalité certaine. Les luttes de pouvoir vireront au règlement de comptes personnels, et se solderont par une décision désavouant la commission nommée par le service des finances menée par M. Dupont, au profit du service de l'Inspection des Carrières dirigée par M. Charles Axel Guillaumot.

   
inspection des carrieres  

On exige du service des carrières une réponse rapide et efficace. Ces impératifs immédiats vont très rapidement définir les grandes lignes du champ d'action de Guillaumot et de ses futurs successeurs. Un effondrement généralisé causé par un fontis a englouti voirie, bâtiments, hommes et chevaux dans un gouffre jusqu'alors insoupçonné des Parisiens. Pour le citoyen crédule vivant dans ces quartiers, plus encore que la catastrophe elle-même, des dégâts et des victimes, c'est l'indicible frayeur de la superstition et des croyances qui refait surface à travers cette manifestation,  facilement attribuable aux esprits diaboliques nichés dans les entrailles de la Terre; craintes du peuple auquel le roi se promet de remettre bon ordre. Pour résoudre ce problème et éviter qu'il puisse se reproduire, le service des carrières se verra donc attribuer quatre missions : inspecter les vides souterrains, procéder aux travaux de réparation ou de consolidations, dresser les cartographies du sol sol et informer des résultats de ses recherches.

 

visite dans les catacombes  

L'inspection des carrières commencera par l'examen des dégâts occasionnés en surface, plus pour montrer une présence et rassurer les Parisiens que pour reboucher les cavités formées sur la voie publique. Cette mission d'inspection deviendra primordiale pour l'IdC qui devra avant toute chose connaître l'étendue de ces vides de carrières, les arpenter, et identifier ses différents mécanismes ou dangers pouvant se répercuter dans les communes qui les surplombent. Cette exploration se fera tout d'abord avec de petites équipes de sous inspecteurs, d'ingénieurs et de géomètres sous les ordres de Guillaumot. La géologie du XVIIIème siècle n'en est alors qu'à ses balbutiements, et on doit, pour déterminer un danger, en identifier la cause, les mécanismes secrets d'un monde peu connu. La formation des couches géologiques, l'âge de la terre, et les théories de l'évolution  ne seront progressivement étudiés qu'un siècle plus tard : c'est tout dire de la tâche qui attend Guillaumot et ses équipes.  Documents annexes : (1)

   
inspection des carrieres  

La consolidation et les travaux de réparation. Devant l'ampleur  de cette catastrophe, il faudra bien entendu concevoir des travaux adaptés pour stopper ces phénomènes, combler ces crevasses, et remettre les rues en état. Guillaumot devra travailler dans l'urgence et concevoir rapidement des plans d'action pour circonscrire les effets de ces effondrements. L'ancienne commission des finances, encore très influente, surveille avec la plus grande attention chacune de ces opérations, ulcérée d'avoir été écartée au profit du nouveau service des carrières. Il faudra alors mettre au point toutes les techniques de consolidations de fontis, par ouvrage de maçonnerie ou comblement, les ouvrages de confortations des anciennes galeries souterraines, les accès, les escaliers d'inspection, l'organisation des équipes de travaux et le choix des matériaux les plus adaptés. Cette opération gigantesque devra être en partie déléguée à des entrepreneurs privés, payés à la tâche pour accomplir chacun de ces ouvrages accomplis par des dizaines d'ouvriers spécialisés, payés par les subventions allouées au service des carrières par le roi puis par la ville de Paris. Chacun de ces ouvrages fera l'objet d'une numérotation, d'un historique, qui permettra d'identifier sur des plaques taillées dans la pierre la nature des travaux, leur  date de réalisation et l'inspecteur qui les aura fait exécuter. Documents annexes : (2)

 

   
atlas souterrain 1855  

La cartographie souterraine. Cette mission consécutive aux deux premières devra obligatoirement être accomplie pour doter le service d'un outil fiable, mentionnant de la manière la plus complète possible tous les vides inspectés, tous les travaux réalisés et l'ensemble des dangers constatés ou  circonscrits par des ouvrages. Les entrées, le forages, les puits, tout est a accomplir par quelques hommes qui devront consigner, rassembler, reproduire toutes leurs notes pour former les premiers plans souterrains de la capitale et de ses environs. Les vides les plus dangereux seront immédiatement comblés, condamnés ou même foudroyés après avoir fait l’objet de cartographies les plus complètes possibles. Toute l'équipe d'ingénieurs et de géomètres de Guillaumot vont accomplir ce travail admirable en un temps record. Ces cartes seront reprises, modifiées, précisées par leurs successeurs pour devenir des planches au 1/500e puis au 1/1000e, pour devenir en 1855 le premier "Atlas des carrières souterraines de la ville de Paris", encore utilisé aujourd'hui sous sa forme moderne (les planches IGC). Documents annexes : (3)

 

[ Voir aussi : l'Atlas du Paris souterrain de 1855  ]

   
arret du roi 1777  

La mission d'information naturellement confiée par le roi pour lui rendre compte des actions et des résultats du service, sera par la suite réservée aux administrations. Elle demeurera secondaire tant que les les inspections et surtout les travaux les plus urgents ne seront pas accomplis dans ces vides de carrières. Après un siècle et demi, ceux-ci finiront par être accomplis; le rôle de l'IdC va ainsi progressivement changer et devenir la "mémoire" de ces souterrains doté d'archives mentionnant la nature, l'emplacement et travaux executés dans ces anciennes exploitations souterraines.

 

C'est aujourd'hui l'une des missions les plus importantes de l'inspection des carrières moderne qui fonde son activité sur l'information aux particuliers, aux professionnels et aux administrations des dangers liés au monde souterrain. Le particulier pourra ainsi savoir avant d'acheter une maison si elle est bâtie sur un terrain "sous-miné". Les  bureaux d'études, architectes ou société de travaux publics ont l'obligation de le faire. Ces informations sont données à partir des planches précises de ces souterrains et des dossiers de plans de prévention des risques naturels (PPR, PPRN) réalisés de manière généralisés, et en particulier sur les communes limitrophes de paris et de grande banlieue.

 


L'origine du nom des catacombes de Paris : elles furent en quelque sorte baptisées par leur créateur spirituel, louis Hericart de Thury qui hésita longuement pour leur trouver une dénomination exacte. Elles font référence aux catacombes de Rome de Grèce et d'Egypte pour lesquelles l'ingénieur veut voir son projet rivaliser de grandeur et même dépasser les catacombes antiques. Il y consacrera dans son ouvrage "Description des catacombes de Paris" un nombre de pages conséquent, cherchant une étymologie correcte et un sens équivoque. Les mots "catatombes" (catatumbae) et "catacombes" (catacumbae) ayant des sens relativement proches, interprétés selon les étymologistes anciens comme des lieux souterrains, lieux où on enterrait les morts ou on les célébrait, plus particulièrement pour les premiers chrétiens, ou premiers habitants de Rome. Il conclura cette recherche linguistique par cette brillante formule " j'ai trouvé la dénomination (catacombe), si bien établie, que je n'ai pas cru devoir la changer", précisant toutefois que la dénomination la plus exacte pour ce lieu est "l'ossuaire général de Paris".


 

Documents annexes

(1)  les services de l'inspection générale des carrières

(2)  les plaques indicatives des carrièresle noir animalles inscriptions souterraines

(3)  Atlas des Carrières de 1855Topographie et relevés souterrainsPlanches IGC

 

 

carriere à piliers tournés  

Les premières consolidations  « naturelles », consistaient à laisser des masses calcaires en place, pour soutenir les vides subsistant de l'extraction . Ces piliers tournés de taille généralement imposante continuent de jouer leur rôle et assurent une bonne tenue des cavités souterraines dès lors qu'ils sont présents en densité suffisante. Certaines communautés religieuses, soucieuses de la pérennité de leur patrimoine firent également réaliser des travaux sous les fondations de leurs édifices. L'ordre des Chartreux possédant trois carrières sous Paris procéda à quelques aménagements de cet ordre, bien qu'il n'en subsiste  guère de trace.  Dans le même esprit, les consolidations du XVIIème siècle, de l’église du Val de Grâce, réalisées par  François Mansart et celles de l'Observatoire de Paris, organisées par Perrault, confortent encore parfaitement les édifices qui les surplombent. Ces ouvrages démesurés dépassent sans aucun doute les besoins  réels, mais continuent de subsister au fil des siècles d'une manière remarquablement efficace. Il s'agit là de constructions maçonnées de dimensions importantes, arches surbaissées et piliers massifs ingénieusement disposés de manière à soutenir l'ensemble du ciel de carrière, prévenant les différents accidents géologiques qui pourraient perturber l'équilibre de ces masses. On considéra, à l'époque, ces ouvrages souterrains avec beaucoup moins d'enthousiasme aux vues des sommes considérables qui furent dépensées pour leur réalisation, notamment à l'adresse de Mansart qui perdit ainsi sa charge d'architecte Royal pour avoir les dépassé les crédits alloués pour l'ensemble de la construction de l'église, par la seule édification d'ouvrages souterrains.

 

 

Méthodes d'exploitation et de consolidation des anciennes carrières de Paris

 


 

 

Méthodes de creusement et de consolidations des galeries souterraines

 

 

A - Masse, pilier tourné ou front de taille conservés (à gauche), et vide consolidé par piliers à bras et hagues maintenant le bourrage

B et C - Galeries foncées (taillées) directement dans la masse de calcaire

D - Galerie foncée dans la masse, et vide (à droite) consolidé par des murs de soutènement entrecoupés de remblai

E et F : Galerie consolidées par des murs IGC et galerie à encorbellements (étages sur la partie supérieure)

 

Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

 

consolidation encorbellements

 

1 - le soucis du détail : Les ouvrages de l'Inspection des Carrières s'inspirent de ces consolidations plus anciennes et des progrès architecturaux de l'époque. Un remarquable soucis du détail et du travail parfaitement réalisé va orchestrer dans ces souterrain une débauche de moyens, de savoirs-faire et d'ingénierie. Ces travaux dépassent de loin les exigences esthétiques de notre temps, si on les considère avec nos critères d'appréciation actuels. La qualité du travail de la pierre, l'appareillage des maçonneries, et l'audace des ouvrages, sont comparable en tout point à des travaux réalisés en surface pour la réalisation de monuments prestigieux. Ces surprenantes qualités de finitions seront justifiées par l'esprit de perfection des  réalisations du XIXème siècle, garantissant la solidité et la durabilité des ouvrages.

 

 2 - Le soucis de l'efficacité : Le procédé de consolidation le plus courrant sera le remblaiement des vides aux moyens de terres, de sables, et de déchets d'extractions provenant des carrières elles-mêmes.  Ces masses considérables, souvent rapportées de la surface vont combler les vides "inutiles" (n'ayant plus d'usage pratique pour l'inspection), les vides incertains (qui pourraient évoluer en fontis, ou en fractures présentant des risques), et les vides de recherches (constitués de galeries foncées dans la masse dans une secteur ou la composition du sous sol est mal connue). Ces remblais constituent la majorité des anciens vides, comblés par des matériaux mécaniquement très faibles, mais répartis sur des surfaces importantes, de manière à fortement limiter l'impact d'un affaissement en continuant à supporter le ciel de carrière de manière uniforme.

 

   
hagues et bourrages  

Ces remblais seront associés à plusieurs types d'ouvrages destinés à les renforcer. On utilisera par exemple des murs de cloisonnements, espacés tous les cinq ou six mètres dans des galeries comblées pour renforcer leur structure (symbolisés sur les cartes par des traits rouges et fins formant des hachures sur fond  beige). Dans des espaces plus importants on formera une architecture en « toile d'araignée » avec des petits murs imbriqués, entrecoupés d'espaces remplis de remblais. Cette technique qu'on pourra qualifier de « comblement renforcé »  est  assez proche de la technique de hagues et bourrages, utilisée par les carriers puis par l'Inspection des Carrières et consistant à entourer ou contenir ces masses de remblais derrière des murs de pierres sèches fortement imbriquées entre-elles. Le terme de "hague" proviendrait d'une étymologie germanique (du mot khag, =enclos, plus tard déclinés en langues saxonnes et viking pour se Franciser) et désigne plusieurs types de construction, parfois formées de lignes régulières, comme un mur classique, ou d'enchevêtrement de pierre assemblées selon leurs formes et insérées entre-elles pour leur donner plus de rigidité (hagus insertus).

 

   
piliers à bras catacombes  

Ces hagues sont régulièrement entrecoupées de piliers à bras, formés de blocs de pierres massifs de 60cm à 1m de coté, empilés les uns sur les autres puis ajustés entre le sol de carrière (le banc de marche) et le ciel de carrière (généralement la roche ou la rochette, pour la partie supérieure de l'exploitation). Les piliers à bras ne sont pas maçonnés et tiennent de leur propre poids, constituant un ouvrage de confortation simple et extrêmement efficace, dont la charge se répartit généralement sur leur  nombre important. On recourt parfois à cette consolidation pour soutenir un point précis du ciel de carrière tendant à s'affaisser ou à se fracturer. Certains de ces piliers à bras atteignent des dimensions considérables, supérieures à 10 m, ayant nécessité, si on considère la taille des blocs, des échafaudages, des poulies et des moyens de levées importants pour soulever des blocs de plusieurs tonnes jusqu'à ces hauteurs. D'autres, plus modestes se contentent de soulager des galeries "basses" d'une pression trop importante et ne sont constitués que de quelques blocs de taille plus modeste mais tout aussi solides.

 

   
galerie souterraine  

Ces constructions basiques couramment réalisées par les carriers et les ouvriers de l'inspection des carrières vont s'assortir d'une multitude d'ouvrages maçonnés, constitués de moellons taillés assemblés avec différentes variétés de mortiers de chaux (chaux de Tournay, de Senlis etc... )  durcissant à l'humidité. Ces mortiers hydrophiles tiennent extrêmement bien dans ces atmosphères saturées d'eau et permettent d'assembler des murs qui consolideront en priorité les galeries d'inspections situées sous les voies publiques, constituant des sortes de doublages d'anciennes galeries, à l'aplomb des façades des bâtiments, pour assurer une meilleure stabilité des constructions de surface.  Une grande partie d'entre eux seront parfaitement rectilignes, formant parfois une ogive à leur sommet, ou se terminant en encorbellements répartissant les charges sur plusieurs petits étages intercalés. A d'autres endroits, ces sont des dallages de liais qui seront juxtaposées pour former un double toit maintenant ou protégeant les galeries du ciel de carrière. Cette même méthode est utilisée pour bâtir des piliers massifs  d'environ 1,50m de section, bordant des galeries et entrecoupés de hagues régulières maintenant du remblai. Certains de ces murs se "terminent" en quinconce, sans bords droits, comme s'ils étaient inachevés. Il s'agit en fait de "murs d'ouverture" ou "pierres d'attente" laissés "ouverts" de manière à pouvoir compléter l'ouvrage par la suite.

 

   
consolidation de fontis  

Enfin, on trouvera évidement un certain nombre d'ouvrages exceptionnels, dignes de figurer parmi les plus belles architectures souterraines de ce temps. Escaliers monumentaux desservant un ou deux étages de galeries, aux pierres parfaitement agencées, droits ou à colimaçon, suites d'arches aux formes inspiration "gothique" et bien entendu, consolidation de cloches de fontis(1) en dômes ou en arches massives s'élevant parfois à plus de 10 mètres du sol.  Certains de ces fontis sont consolidés par le haut, et nécessitent un forage pour arriver jusqu'au sommet de la cloche. On y déverse alors des coulis de mortiers, des granulats solides ou liquides comblant l'ensemble des vides cloisonnés par des ouvrages de maçonneries souterrains pour les maintenir en place. Ces ouvrages, parfois invisibles, sont comme tous les autres, répertoriés par des plaques indicatives taillées dans la pierre indiquant dans ce cas F.R. (Fontis Remblayé) suivi d'une flèche vers le haut (consolidé depuis le dessous) ou vers le bas (consolidé par le dessus).

 (1) Le mécanisme de cette formation géologique est également détaillé sur [cette page] .

Photos et Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

injection des carrieres  

Ces méthodes vont naturellement évoluer et continuer d'être utilisées par l'Inspection Générale des Carrières "moderne" dont la mission restera sensiblement la même. A la fin du XIXème et au début du XXème siècle, on utilisera de manière courante  le "foudroyage" consistant à créer de manière artificielle l'effondrement d'une carrière devenue dangereuse aux moyens d'explosifs. Ce procédé notamment utilisé pour les carrières de gypse dont on prend la mesure de la dangerosité, se révélera au fil du temps beaucoup moins radical qu'il ne pourrait le sembler. La méthode souvent incontrôlable laisse subsister des cavités devenues inaccessibles, mais potentiellement dangereuses. On s'aperçoit alors des limites de ce système en rupture complète avec les travaux réalisés jusqu'alors pour être durables, et dont on pouvait s'assurer de la pérennité en les inspectant régulièrement en se fondant sur les planches dressés pour y consigner chaque détail. Après foudroyage, ne subsiste que l'emplacement de l'ancienne carrière, certes remblayée, mais dont on ne connaîtra plus rien de l'évolution et qui interdira ensuite de manière définitive toute construction sur cette zone.

 

   
injection IGC  

Le béton et les techniques modernes vont donc être employés plus régulièrement par la suite. L'IGC normalise des piliers maçonnés de section d'1,40m pouvant atteindre des longueurs variables selon la taille de la zone fracturée présentant un risque d'effondrement. Ils sont du reste très comparables à ceux de Mansart ayant prouvé leur solidité pendant près de trois siècles.  La portée de ces ouvrages massifs soutient le ciel qui les surplombe et s'étend jusqu'à atteindre la portée du pilier suivant, à l'endroit où les forces se rejoignent. On utilisera ensuite les systèmes de comblement par injection où l'on procédera, après un forage de taille importante, au versement de matériaux secs de forte granulométrie. Des coulis liquides sont également employés et ne requièrent que des forages de faibles diamètres. Ils pourront être à base de mortiers ou de résidus pétrolifères pour combler et imprégner les remblais, durcissants (bentonite) pour former ensuite une masse compacte ou à base de sables liquides (peu onéreux).

 

   
injection carrieres de paris  

Dans certains cas, la consolidation pourra être réalisée au moyen de piliers de bétons injectés dans des coffrages circulaires, en nombre importants, pour assurer des fondations solides, ou par forage et micro-pieux de diamètres 110  à 150 mm très faiblement espacés (1.5 m à 2 m) qu'on va introduire grâce à des forages. Une variante de ce procédé consiste au boulonnage du ciel de carrière par insertion de tiges métalliques, parfois assorties d'un treillage scellé au ciel, parfois recouvert d'un flocage de béton... Ces procédés se révèlent fort coûteux et leur pérennité sur le long terme n'a pas encore fait ses preuves ailleurs que dans les bureaux d'études, par projection et calculs théoriques. Il peut aussi arriver de constater qu'à certains endroits, une partie du patrimoine souterrain est respecté et que des consolidations "à l'ancienne" (piliers de maçonneries ou même piliers à bras renforcés) sont de  nouveau évoquées.

   
injection catacombes  

Ce panorama des consolidations souterraines ne serait pas complet sans mentionner un type d'ouvrage mis en place dès le début de l'inspection des carrières et maintenu à titre préventif : les puits de ventilation, dont on pourra observer la disparition quasiment complète dans les carrières de Paris. Une grande partie de cet éventail de moyens extrêmement coûteux n'aurait sans doute pas lieux d'être en respectant des méthodes simples consistant à ventiler une carrière et à l'inspecter régulièrement pour observer son évolution naturelle.  Ces innombrables puits avaient pour fonction de faire circuler l'air dans les galeries souterraines, d'assécher la pierre et ainsi d'éviter la progressive dégradation des masses calcaires fragilisées par accumulation d'humidité.

 

illustrations : injection de la Rue Claude Bernard en 2002. (1) Forage et pose des tuyaux d'injection (2) Raccordement au compresseur (3) Forage  vu du dessous avant injection. (4) Bétonnière et injection de la galerie.

Photos et Illustrations  © explographies.com - Credits : Dragon - Tous droits réservés

 

 

La mise en place du service des carrières

Plaque Inspection des carrieres  

Cette histoire du service commencée le 4 avril 1777 va connaître une succession d'inspecteurs plus ou moins célèbres qui poursuivront pendant chacun de leurs inspectorats, l'immense tâche incombant à leurs prédécesseurs. Les biographies détaillées de chacun de ces inspecteurs généraux du XVIIIème et XIXème siècles sont détaillées sur le site des annales de l'école des mines. On ne conservera ici que les faits principaux ayant marqué leurs inspectorats, en les rapportant aux plaques indicatives apposées sur leurs ouvrages. A partir du début du XXème siècle, ces datations ne seront plus indiquées; l'essentiel de ces travaux de conforation auront été accomplis durant le siècle précédent. La mission de l'inspection de carrières va alors considérablement évoluer vers un rôle consultatif et technique, axée sur le travail de mise à jour des plans périodiquement actualisés et parfois levés par les géomètres, sur les secteurs encore non cartographiés.

   
Catacombes 1777  

On retiendra de ce bref résumé de l’histoire de l’Inspection Générale des Carrières la mise en place des outils et de l’organisation principale définis dès 1777 par Guillaumot,  réaffirmée et optimisée sous l’inspectorat de M. Héricart de Thury. La mission principale d’inspection de l’IdC s’accomplira initialement avec des équipes réduites de techniciens, dont aucun n’aura eu d’expérience similaire puisque rien n’existait de comparable auparavant. C’est donc à partir des compétences personnelles de chacun que Guillaumot va administrer son service, nommant ingénieurs, géomètres et techniciens pour superviser et réaliser les travaux. Il faudra en tout premier lieu observer et comprendre les mécanismes géologiques qu’ils vont découvrir, à une époque à peine située à l’aube des premières théories sérieuses des formations géologiques. Ils devront ainsi composer entre leur sens de l’observation et leur faculté d’adaptation pour mesurer la dangerosité d’une formation et les moyens de procéder aux travaux nécessaires.

 

   
IGC plaque indicative  

Pour compléter cet aspect technique des travaux, un système de numérotation sera mis en place dès 1778 par Guillaumot indiquant l’année des ouvrages, l’initiale de l’inspecteur et le numéro de la consolidation. Les ouvrage de 1777 ayant déjà été réalisés sans avoir été indiqués par des plaques noircies au noir animal, elle seront donc posées avec une année de retard. A ce système, sera ajouté un ingénieux réseau de mesures de profondeurs des galeries indexées sur un étalon correspondant au niveau zéro de la Seine, permettant de connaître précisément la situation des galeries par rapport au niveau du sol, et leur altitude réelle. Ces méthodes sont toujours appliquées sur les planches modernes qui possèdent des mesures altimétriques et ces mêmes points de références dans l'espace, près de 250 ans plus tard. Enfin, et ce sera également une petite révolution pour l'époque, les mesures jusqu'alors effectuées en pieds et en pouces devront toutes êtres converties au système métrique (1). Un travail équivalent devra être réalisé pendant l'Empire Napoléonien, avec la renumérotation des édifices de chaque rues qu'on pourra également observer en sous-sol et sur les cartes puisqu'ils seront précisément notés par l'inspection des carrières.

l(1) En vertu de la loi du 18 germinal an III ( 7 avril 1795)

   
Guillaumot  

Guillaumot va tester toute une série de systèmes de consolidations, réutilisant les anciennes techniques de carriers, et essayant des moyens plus novateurs comme ses ouvrages maçonnés reposant sur des séries d’arches surbaissées pour répartir les charges qu’on retrouvera par exemple dans le réseau du 15eme Sud, et sur l’axe du chemin de Fer, rue Saint Gothard.  Ces mêmes expériences auront sans doute été appliquées aux cartographies pour mettre au point un système de relevé efficace, mais il ne demeure pratiquement aucune trace témoignant des levées effectuées à cette époque par les équipes de Guillaumot. La dernière phase de la mise en place du service consistera en l’aménagement de l’ossuaire municipal, œuvre partagée par ces deux inspecteurs. L’un devra concevoir les méthodes et les moyens techniques pour vider, acheminer et déverser ces millions d’ossements dans des secteurs déterminés, et l’autre de les mettre en valeur en respectant la mémoire de ces millions de dépouilles privées de sépultures.

Photos et Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 

Un siècle et demi d'inspectorats

Le tableau cite chacun des inspecteurs de 1777 à 1909,

figurant en Blanc leur nom et la période de leur inspectorat, en orange le type de plaque désignant les ouvrages qu'ils ont réalisé, ainsi qu'un bref résumé de leurs réalisations.


 

Antoine Dupont - 1776

90, 93 ...

Ce professeur de mathématiques nommé par le bureau des finances ne sera jamais désigné "inspecteur des carrières". Il en occupera cependant les fonctions pendant quelques mois et procèdera aux premiers ouvrages officiels réalisés dans la carrières des Capucins. Dupont sera destitué et consacrera l'essentiel de sa vie à tenter de discréditer Guillaumot, nommé à sa place.

 

Guillaumot 1777-1791 (Premier Inspectorat)

I.G.1777 ou I.G.XIIIR

Ce sera le fondateur de ce service pour lequel il vouera trente ans de sa vie. Guillaumot s'illustrera notamment en réalisant la série d'ouvrages de confortation de la rue Saint jacques, la reconstruction de l'escalier Mansart et la mise en place du transfert des ossements dans les catacombes de Paris.

 

Duchemin 1791-1792  - Demoustiers 1792-1793  - Bralle 1793-1795

I.D.1792 - ID2-1793 - I B1794

Ces trois sous-inspecteurs vont tour à tour prendre le relais de Guillaumot et assurer un intérim d'un peu plus d'un an chacun, pour permettre la continuité des ouvrages entrepris par leur ancien "patron" qui restera définitivement leur modèle. Ils seront du reste accompagnés des mêmes équipes qui assureront la maintenance pendant 4 ans.

 

Guillaumot 1795-1806 (Second Inspectorat)

I.G.1777 ou I.G.XIIIR

A la suite de graves péripéties politico- judiciaires, Guillaumot démis de ses fonctions en 1791 est finalement réintégré à la tête du service. Il reprendra donc ses travaux dans le Val de Grâce, le quartier de Vaugirard, la rue Dareau ainsi que dans de nombreux réseaux proches de Paris, du XIIIeme  XIVeme et Veme arrondissement.

 

Commission administrative 1807-1808

C Mon 1808

A la disparition de Guillaumot, aucun candidat ne semble pouvoir être en mesure de présenter les même  aptitudes à diriger le service. On confie donc cette fois l'inspection des carrières à une commission chargée d'administrer et de régler les affaires courantes. Les ouvrages de la commission seront épisodiques et uniquement motivés par des travaux urgents.

 

H.de Thury 1809-1831

I HT 1815

C'est un jeune homme brillant d'une trentaine d'années, spécialiste des puits forés qui va être désigné pour remettre en activité l'inspection des carrières. Le plus prolifique de tous les inspecteurs réalisera un nombre incalculable d'ouvrages, de monuments, de puits, réalisera l'aménagement des catacombes. Il introduira une dimension géologique et scientifique aux inspectorats et rédigera deux ouvrages de références avant de finir à l'académie des sciences.

 

Trémery 1831-1842

1 T 1840

Premier sous-inspecteur de De Thury, il sera formé à la même enseigne. Son inspectorat durera plus de dix ans pendant lesquels il s'occupera particulièrement du secteur de Montparnasse, de Vaugirard et la Tombe Issoire. Trémery laissera son nom dans les annales pour la réalisation d'un puits "carré" unique, situé dans la carrière des Capucins.

 

Juncker 1842-1851  - Lorieux 1851-1856  - Blavier 1856-1858

1 J 1845 - 1 L 1855 - 1 B 1856

Ces trois inspecteurs vont se partager une période de quinze ans d'inspection pendant laquelle les travaux seront particulièrement concentrés sur les confortations situées sous le cimetière de Montparnasse. On trouvera également des plaques indiquant leurs initiales dans le Sud, du coté de la Voie Verte et de l'aqueduc d'Arcueil. Juncker pour sa part, initiera avec M. De Fourcy, les premières ébauches de l'Atlas des carrières présenté à l'exposition universelle de 1855 qui seront consciencieusement poursuivies par ses successeurs.

 

de Hennezel 1858-1865  - du Souich 1865-1866

1 H 1860 - 1 S 1865

La décennie qui va précéder la guerre de 1870 sera une période calme pour l'IGC qui permettra de normaliser l'ensemble des systèmes mis au point jusqu'alors. Les ouvrages réalisés seront plus modestes et moins nombreux. On comptera cependant parmi eux des travaux réalisés dans le 15eme arrondissement et sur la rue Broussais.

 

de Fourcy 1866-1870

1 F 1868

Eugène de Fourcy  va pendant la courte durée de son inspectorat renouer avec la période phare des inspecteurs de l'Idc. Il Participera notamment aux travaux de confortation sous le cimetière Montparnasse et des fondations des réservoirs de Montsouris. De fourcy sera aussi  le grand maître d'oeuvre de [l'Atlas des Carrières], aujourd'hui encore utilisé sous sa forme moderne :  les planches IGC

 

Jacquot 1870-1872

1 EJ 1870

André Eugène Jacquot aura certainement eu l'inspectorat le plus laborieux et le plus difficile de toute l'histoire de l'IdC qui se déroulera au beau milieu de la guerre de 1870 puis de la Commune. Pendant cette période, le service devra suspendre ses activités, quitter Paris, puis sera sommé de cesser ses activités et de remettre les planches des carrières souterraines dressées par ses prédécesseurs aux représentants du gouvernement insurrectionnel de la Commune.

 

- Lantillon -

Parachuté "Inspecteur" des carrières, ce Communard n'occupera aucune fonction au sein du service. Sa seule décision sera de transférer la totalité des archives des carrières à l'Hotel de Ville qui sera incendié l'année même de sa nomination, causant la perte de l'ensemble des documentations souterraines rassemblées pendant un siècle.

 

Descottes 1872-1875  - Tournaire 1875-1878

Gentil 1878-1879  - Roger 1879-1885

1 D 1874  -  1 T 1876  -  1 G 1879  -  1 R 1880

Ces quatre inspecteurs devront oeuvrer pendant quinze ans à la reconstruction du service et notamment à la reconstitution de l'Atlas des carrières qui sera mené à terme avec l'aide de De Fourcy. Ils réaliseront beaucoup d'ouvrages dans le Sud de Paris, essentiellement des bourrages de galeries de recherches. Roger œuvrera également dans le 15eme arrondissement et sous Montsouris où l'on retrouvera un certain nombre de ses plaques.

 

Keller 1885-1896

1 K 1886

Keller va se charger de nombreux ouvrages dans le quartier Sarrette et se distinguera par ses travaux pour la consolidation du réservoir de Montsouris. Il sera sans doute l'un des derniers inspecteurs de cet âge d'or des Carrières qui s'achèvera au début du XXeme siècle, et dont les plaques de consolidations soigneusement taillées dans la pierre puis noircies, seront progressivement remplacées par des plaques émaillées ou des numéros hâtivement indiqués à la peinture.

 

Wickersheimer 1896-1907 - Weiss 1907-1909

554 W 1899

Pour ces deux derniers inspecteurs des carrières portant les mêmes initiales, on ne pourra distinguer leurs ouvrages sur que grâce à leurs années d'exercice. Au cours de son inspectorat, Paul Weiss va se lier d'amitié avec un certain "Emile Gerards", sous-inspecteur des Travaux de Paris et passionné de carrières qui deviendra l'auteur de l'ouvrage encyclopédique : Paris souterrain. Il en signera la préface.

 


Pour obtenir les fiches détaillées concernant ces inspecteurs et la typographie utilisée pour leurs plaques indicatives, se référer aux topos : inspection des carrières et plaques indicatives.

 

Catacombes

Photos et Illustrations  © explographies.com - Tous droits réservés

 


 

 

Catacombes

Cimetieres Parisiens  

Depuis l'origine de la ville de Paris jusqu'à la révolution, tous les parisiens furent enterrés dans différents cimetières, initialement situés en périphérie de la ville selon une ancienne loi Romaine. Siècles après siècles, l'agrandissement de la capitale va progressivement absorber ses faubourgs, si bien qu'en 1789, les 200 cimetières de la ville, dépendant d'autant d'églises, ne suffisent plus à contenir les dépouilles de tous ces anciens habitants de Paris. Les victimes des pestes noires, des épidémies, des famines, de toutes les guerres passées depuis le moyen-âge reposent là, déposés dans les cimetières, entassés dans les charniers des églises s'élevant sur plusieurs étages. Chaque jour de nouveaux cadavres s'ajoutent aux précédents. Eglises et cimetières sont de vastes champs boueux où se côtoient mendiants, vendeurs, saltimbanques et prostituées.

 

   
Cimetiere des innocents  

On creuse des fosses, on dépose les morts derrière des murs d'enceinte, et chaque jour les risques d'épidémie gagnent sur la capitale. Paris déborde sous ses morts, l'odeur y est insoutenable, même le pain et l'eau sont contaminés par la putréfaction, et tous les rapports de salubrité publique sont alarmants. Les citoyens se plaignent,  les incidents et les infections se multiplient, et sans cesse les cimetières se remplissent un peu plus sans que rien ne se passe. Les rapports s'accumulent. Les premiers d'entre eux datent de 1554 et sont déjà alarmants. La faculté de médecine de Paris et les médecins de l'académie royale des science en 1737 ne font que corroborer ces déclarations. Pour le seul cimetière des innocents on estime que près de 80.000 cadavres ont été ajoutés durant les trente dernières années de la monarchie.

 

   
Cimetiere des Saints innocents  

L'architecture de cette ancienne église nous montre en plan de coupe les différents rajouts qui d'années en années, ont transformé un lieu de culte, en crypte destinée aux religieux, puis en lieu de sépulture, réservé aux plus riches espérant s'attirer la clémence divine en reposant à leurs cotés. Puis ce sont les bourgeois, qui faute de place dans l'église elle-même vont généreusement payer pour être inhumés dans le cimetières improvisés. Les cours, les champs situés aux abords des églises s'étendent et fleurissent de tombes. Il faudra enfin élever des étages supplémentaires, des niches, des arches, des fosses communes creusées les unes sur les autres pour satisfaire le peuple, du plus fortuné aux plus miséreux, ne concevant plus d'être enterré ailleurs qu'auprès de Dieu après leur mort, en dépit de toute considération pour les vivants. Sur les murs des alcôves qui bordent la cour du cimetière des Saints Innocents, sont peintes des représentation des danses macabres, imageries païennes des danses des morts et vifs figurant ensemble la réalité quotidienne des parisiens. (voir annexes)

 

   
Cimetiere des innocents  

Les murs de la cave d'un restaurateur située rue de la Lingerie, (au niveau actuel des Halles) juste à proximité du cimetière des innocents va céder le 30 mai 1780. La découverte de ce qui va se déverser dans le sous-sol de l'immeuble va susciter une horreur indicible. Des mètres cubes d'ossements anciens sont mêlés aux cadavres en décomposition, aux restes putréfiés de dépouilles enchevêtrées qui par leur poids ont fait céder les cloisons. Le bâtiment est totalement contaminé, les murs suintent et on rapporte que par le simple contact sur l'un de ses murs, un maçon qui y avait posé la main contractera la gangrène quelques jours plus tard. Il en va ainsi de toutes les maisons et rues avoisinantes. Ce cimetière, comme tous ceux de Paris, est un immense charnier situé à quelques mètres seulement des immeubles d'habitation qui y sont littéralement accolés.

 

   
Danses Macabres  

A la suite de cet incident, le parlement va décréter le 4 septembre 1780 la fermeture du cimetière des innocents. Décision qui, pendant cinq ans, restera sans plus d'effet que l'accumulation d'autres corps dans les cimetières avoisinants. Le pouvoir demeure totalement impuissant devant ce problème semble-t-il insoluble. La "solution" viendra du lieutenant de Police Lenoir qui soutient depuis plusieurs années le projet d'utiliser les anciennes carrières souterraines pour y transférer les ossements et les corps entassés en plein coeur de Paris. Il faudra attendre le 9 novembre 1785 pour que cette idée soit enfin avalisée par un arrêt du Conseil d'Etat. On va aviser le premier inspecteur des carrières de Paris de cette décision, et désaffecter le cimetière des innocents, pour les transférer au lieu dit de la Tombe Isoire*, entre la Barrière d'Enfer et le petit Montrouge. Et c'est ainsi que l'histoire des cimetières de la capitale et celle des carrières de Paris vont se rejoindre pour devenir : les catacombes de Paris.

 

* Tombe Isoire : voir origine du nom ci-dessous

   
Amenagement des Catacombes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des convois de chariots drapés de noir vont former chaque soir des processions funéraires accompagnées de prêtres, de chants des morts et traverser Paris pour y transférer les dépouilles accumulées pendant des siècles d'histoire. Et ainsi, de cimetières en cimetières, ces processions vont se répéter, et se répéter encore, de 1785 à 1814. Après quelques années, elles perdront le caractère sacré de ce dernier rituel consacré aux ancêtres des Parisiens assistant à ce spectacle stupéfiant, pour devenir une curiosité, puis finalement une routine. Les ossements seront déversés dans des puits, charriés à la pelle, déplacés par des chariots de bois, puis entassés et classés par genre, pour être enfin empilés, et rangés.

Le vicomte de Thury, inspecteur général des carrières de 1808 à 1831 sera chargé d'imaginer les aménagements dignes d'assurer à ces dépouilles un repos bien mérité. Il construira à ces pensionnaires anonymes un décorum sombre et mélancolique, ponctué de citations philosophiques ayant trait à la mort ou au souvenir. Des plaques commémoratives indiqueront pour chaque cimetière la provenance des ossements et la date de leur dépôt. On y trouvera pèle mêle certains personnages illustres, Rabelais, Mansart, Charles Perrault, Jean Baptiste Lully, Danton, Robespierre, Colbert, Molière et des centaines d'autres célébrités  dont Hericart de Thury et Guillaumot eux mêmes, grands architectes de ces catacombes de Paris où ils trouvèrent à leur tour leur dernière demeure.

 

Plus de six millions de Parisiens  seront ainsi transportés dans ce qui va devenir la plus grande nécropole du monde.

 

 

ANNEXES

L'histoire du cimetière des Saints Innocents fait l'objet d'un topo complet [ici]

Une étude des danses macabres peintes sur les alcôves de ce cette église est détaillée [ici]

* Tombe Isoire, rebaptisée plus tard Tombe Issoire : L'origine de ce nom proviendrait d'un géant inhumé dans la plaine de Montsouris, selon les versions : envahisseur Sarrazin du temps de Charlemagne ou d'un brigand  nommé Isouard ou Isoré qui aurait donné le nom de "Tombisoire" signifiant au moyen âge "un assemblage de tombes".

 

Visite des Catacombes de Paris

Avant de se glisser dans les souterrains obscurs de la capitale, on prendra un instant pour évoquer les souvenirs de ces premières visites qui depuis près de deux siècles passionnent les Parisiens. L'engouement pour cette curiosité débute sans doute dès le transfert des sépultures des cimetières, sous les yeux médusés des habitants en 1785. Dès le début du XIXème siècle, des demandes vont être envoyées à la direction des catacombes, au service des carrières ou directement à Monsieur De Thury pour solliciter une autorisation. Les cabinets de curiosités, exposant des échantillons de roches découverts dans  les carrières, sont visités dès 1815 par une poignée de  savants, chercheurs ou naturalistes, mais ces catacombes ont aussi reçu quelques visiteurs de marque : Charles X en 1787, et l'empereur François Ier d'Autriche, le 16 mai 1814. On retrouve également de très rares inscriptions laissées sur les murs par quelques uns de ces visiteurs mondains, comtesses ou notables, datant de cette époque. En 1830 ces très rares privilégiés arpentent pratiquement librement ces galeries souterraines, plus ou moins guidés par des représentants de l'administration. Des visiteurs s'égarent, et on constate des vols d'ossements et des dégradations qui entraînent la suspension de ces visites de 1833 à 1874. Seules les plus hautes personnalités ont encore droit à quelques rares "invitations" : Napoléon III en 1860, Oscar II de Suède, et  le chancelier Allemand Bismarck en 1867. Puis ce sera la guerre de 1870 contre la Prusse où la Commune de Paris livrera de violents combats dans ces souterrains.

 

Catacombes au 19eme siecle

En 1874, on décide de rouvrir "l'Ossuaire Général de Paris" les premiers et troisième samedi de chaque mois. Le parcours suit plus ou moins ce "chemin des catacombes", marqué d'un trait de fumée sur le ciel de la carrière(1), suivant la fantaisie du personnel de l'inspection à travers tout ce réseau souterrain, descendant la rue Saint Jacques, l'aqueduc d'Arcueil, passant naturellement par les cabinets minéralogiques et ostéologique. Les visiteurs découvrent Port Mahon, les sculptures de Décure et le bain de pieds des Carriers...  On se presse alors pour entrer dans les catacombes par la cour de la barrière d'Enfer, muni d'une autorisation officielle... et d'une bougie. Puis une véritable frénésie prend ces visiteurs qui parfois se passeront de guides, de bougies et d'autorisation... le 2 avril 1897 l'organisation d'un concert clandestin dans les catacombes va faire grand bruit.

(1) Le ciel de carrière désigne la roche constituant le "plafond" de ces galeries souterraines, le terme minier est "toit"

 

Concert dans les Catacombes

Une petite centaine de convives va recevoir un énigmatique billet d'invitation les conviant à se présenter devant la porte des Catacombes à minuit le jour dit, leur recommandant de ne pas faire stationner les "voitures" (à cheval) devant l'adresse pour ne pas attirer l'attention. Ces instructions particulièrement précises, mentionnent que l'invitation est à strictement nominative et personnelle. En entrant dans les catacombes, les invités sont littéralement subjugués de découvrir un orchestre de 45 musiciens "amateurs" (venus là pour leur simple plaisir) et non moins virtuoses, M. Capet, violon solo, M. Thibaud, premier violon, des flûtistes, des clarinettistes, des percussionnistes sous la direction de M. Furet, chef d'orchestre, qui va proposer le programme suivant :

1°  Marche funèbre de Chopin,

 Danse Macabre de Saint Saëns avec Maria, poème de M. Alla, dit par l'auteur,

3°  Choral et marche funèbre des Perses, sous la conduite de M. Xavier Leroux lui même,

 Aux catacombes, poème de M. Marlit, dit par l'auteur,

5°  Marche funèbre de la Symphonie Héroïque de Beethoven.

A deux heures et demi du matin, tout ce petit monde regagnera la surface, non sans avoir acclamé musiciens et chef d'orchestre pour ce concert sacrilège qui fit scandale pendant un bon moment dans la presse et les salons Parisiens. Le lieu où se déroula ce concert est désigné sur le petit plan de visite (voir ci-dessous) à l'emplacement de la lettre M, et peut bien entendu être visité.

 

 

Plan des Catacombes de Paris

[ Téléchargement du plan des catacombes de Paris en version imprimable]

Ce chapitre exclusivement consacré aux Catacombes de Paris s'adresse aux visiteurs de ce musée qui découvriront ou redécouvriront à travers cette visite, l'ossuaire municipal.  Pour en découvrir d'avantage, toutes les documentations de ce site sont à votre disposition pour connaître tous les détails de l'entendue des souterrains qui couvrent Paris et sa proche banlieue.

Pour les plus pressés, ces trois documentations simplifiées sont proposées pour suivre ce parcours : L'indispensable plan du musée des catacombes de Paris, un petit topo permettant de déchiffrer facilement les plaques indicatives et  un document retraçant l'histoire du cimetière des innocents.

A la manière des premiers visiteurs à qui on précisait de se munir d'une bougie, Il est vivement conseillé de se munir d'une petite lampe de poche, d'un pull et de son plan des catacombes avant de pénétrer dans cet endroit et de parcourir ses 1700m de galeries.

> Les lettres entre crochets indiquent l'emplacement sur la petite carte juste au dessus [X]

> Les chiffres entre parenthèses renvoient à des annexes figurant à la fin du paragraphe (0)  

 

Musée Catacombes de Paris  

La visite des catacombes commence par la descente d'un escalier menant 20 m sous terre, jusqu'à la salle d'exposition photo de l'ossuaire (cette exposition change périodiquement). Un petit chemin va permettre de s'habituer à la lumière blafarde des éclairages et à la fraîcheur ambiante (environ 14°C). On emprunte alors la doublure souterraine de l'avenue du Parc Montsouris indiquée par des plaques taillées dans la pierre, pour rejoindre les galeries situées à l'aplomb de l'ancien aqueduc d'Arcueil, acheminant autrefois l'eau dans Paris. Si on observe attentivement, on pourra apercevoir une plaque indiquant qu'on se situe sous le  regard de visite 25 de cet aqueduc, ainsi que des plaques indicatives de travaux de consolidation exécutés par Guillaumot pendant la période Révolutionnaire. Celles-ci sont codifiées de manière à identifier le numéro de l'ouvrage, puis l'initiale de l'inspecteur chargé de ces travaux, et la date de l'exécution; 13 G 1783, indique la 13° consolidation de Guillaumot datant de 1783.   (1)

 

   
Port Mahon Catacombes de Paris  

Une ancienne galerie du XVIIIème siècle creusée dans la carrière mène jusqu'à un niveau inférieur d'exploitation dont la visite fut inaccessible au public de 1995 à 2006, pour y réaliser des travaux de rénovation. On pénètre dans une petite partie de la carrière dite de "Port Mahon" [O] appelée ainsi en raison des sculptures réalisées par un ancien "vétéran de sa majesté" reconverti en ouvrier-carrier. Passionné de cet endroit, il y sculpta des "tableaux" évoquant ses souvenirs de Majorque (île située dans les Baléares). Ces célèbres sculptures peuvent paraître sommaires mais révèlent en fait les vestiges de plus de deux siècles d'histoire et de restauration. On pourra notamment y observer des détails particulièrement délicats sur les sculptures du "Quartier de Cazerne". Au sol, un pavage de damiers noirs et blancs recouvert de poussière et de terre se dissimule aux yeux des visiteurs. (2)

 

   
Bain de pied des Carriers  

Le parcours se poursuit vers le Bain de Pied des carriers [P], lieu initiatique des carriers, ouvriers de carrières et plus récemment des élèves promus de l'école des Mines qui se voient baptisés dans cette fontaine, dont l'eau est si pure qu'on s'y baigne bien involontairement les pieds si on y prend pas garde. Celle-ci affleure de la nappe phréatique et permettait autrefois de mesurer les variations de hauteur de la nappe et d'y puiser l'eau nécessaire aux chantiers avoisinants. Ce chemin va progressivement remonter vers le niveau supérieur pour déboucher dans le "vestibule" [A], imposante salle désignant l'entrée dans les catacombes proprement-dites et surplombées de l'avertissement célèbre "Arrête ! C'est ici l'empire de la mort". Une très belle plaque commémorative résume l'origine de ces lieux et rappelle aux visiteurs les maîtres d'œuvres de ces aménagements.

 

   
Fontaine de la Samaritaine  

A travers les murs et les hagues d'ossements, on se dirige ensuite vers la "croix de pierre" [B] encastrée dans l'une des très nombreuses constructions mortuaires présentes ici. Le parcours se poursuit vers la "fontaine de la samaritaine" [C] comptant parmi les plus beaux aménagements des carrières de Paris. Ce vestibule circulaire entouré de colonnes  et de rangées d'ossements, encercle ce monument décoratif à étages réalisé par Héricart de Thury en 1810, et qui fut également poétiquement baptisée "source de l'oubli". On y fit introduire un couple de poissons en 1813 qu'on ne parvint pas à faire se reproduire dans cette eau froide et obscure... La galerie continue en direction du Nord, vers la "crypte du Sacellum" [D] où fut placée la réplique d'un tombeau antique (factice)... qui masque un ouvrage consolidation supportant  un mur menaçant de s'ébouler à l'extrémité de la salle.

 

   
Lampe sepulcrale Catacombes de Paris  

Le chemin reprend vers le Sud en direction de l'aménagement le plus ancien de ces catacombes. Cette salle bordée de deux imposants piliers blancs et noirs bordée de bancs invitant au recueillement mettent en valeur la "lampe sépulcrale" [E] trônant au centre. Le monument fut érigé en lieu et place d'une lampe similaire dans laquelle était alimenté un feu continu permettant de surveiller la circulation de l'air dans les galeries. Ce système ingénieux, mis en place dès les premiers travaux de manutention des ossements, fut ensuite complété par de nombreux puits de ventilation, forés depuis la surface pour renouveler l'air souterrain.  La fumée visible à l'oeil nu s'échappait vers la surface en suivant la circulation naturelle de l'air. Des goulots étaient placés au niveau des puits ouverts pour vérifier si l'aération était suffisante ; dans le cas contraire on ouvrait de nouveaux puits.

 

   
Cabinet Mineralogique Catacombes  

On passera ensuite devant deux des lieux les plus méconnus et pourtant figurant parmi  les sites particulièrement prisés des visiteurs du XIXème siècle. Aujourd'hui totalement invisibles, ils attendent une improbable restauration pour leur redonner l'éclat de leur célébrité passée. Le cabinet Minéralogique des catacombes [H] est l'essence même du travail fourni par l'inspection des carrières de cette époque. Cette petite salle maçonnée entourée de bancs de pierre contient les vestiges de deux escaliers factices. Sur chaque marche était déposé un échantillon des bancs de pierres constituant la couche géologique de ces carrières. Scientifiques et curieux venaient ici examiner ces exemplaires de roches représentatives du sous-sol parisien. Sur cette ancienne photographie, on peut observer les vestiges provenant du cabinet d'ostéologie contenant des momies et des ossements, ainsi que le nom des couches géologiques inscrits sur chaque marche. Tout au fond, figure une plaque indiquant la découverte de restes du ciment des romains. Ce cabinet aujourd'hui comblé contient encore aujourd'hui un certain nombre de ces vestiges. (3)

 

   
Ossements Catacombes de Paris  

Vient ensuite l'imposant tombeau (factice) du poète Gilbert [G] pour y lire l'une de ses citation, puis déboucher au niveau d'une galerie partant vers la droite. C'est dans cette direction que se trouvait le deuxième cabinet de curiosité, invisible aux yeux des centaines de milliers de visiteurs qui arpentent ces galeries chaque année. Le Cabinet d'Ostéologie [F], constitué par les hommes de science du XIXème siècle fut aménagé pour recueillir et exposer les ossements les plus étranges recueillis parmi les dépouilles transférées des cimetières. Leurs particularités ostéologiques ayant justifié la construction d'un cabinet de curiosité (cabinet d'ostéologie) très en vogue pendant cette époque. Vandalisé pendant la guerre de 1870, il s'effondrera moins d'un siècle plus tard, en 1892.

 

   
Catacombes de Paris  

Ce chemin  sinuant à travers les plus anciennes galeries de ces carrières, se poursuit jusqu'à un grand pilier portant la date de 1894. Lors de fouilles archéologiques contemporaines à l'installation de l'ossuaire municipal, le coeur du général Campi, plus célèbre pour cette anecdote que pour ses faits d'armes, fut retrouvé dans une boite de plomb contenant un mystérieux parchemin. On inhuma cette relique à l'intérieur du pilier qui devint 'le pilier au coeur embaumé" des catacombes [I]. Le parcours se dirige alors vers le Nord, pour atteindre les ossements de Saint Laurent [J], victimes des premiers combats de la Révolution. En observant attentivement la plaque de cette tombe "acrotère", en forme de petit chapiteau, on remarquera que le texte a été retaillé. Les dernières lettres du texte initial "ossements... violés par les fédérés le 17 avril" (= profanés par les fédérés pendant la Commune en 1871) apparaissent encore, et furent remplacé par le terme moins polémique de "déposés", en 1880.

 

   
Catacombes de Paris  

Cette dernière portion du parcours dans les catacombes passe par la tombe de Françoise Gellain [K] qui consacra sa vie à faire sortir son "compagnon", un aventurier du nom de Jean Henri de Latude dont elle avait trouvé un message lancé à travers les barreaux de sa prison de Bicètre. Quelques pas plus loin, se trouve l'une des plaques indiquant l'un des nombreux dépôts d'ossement de l'église des Saint Innocents [L]. Le cimetière de cette église (aussi appelé cimetière de Carpeaux) est en quelque sorte à l'origine de la création des catacombes (4). On remarquera d'ailleurs à cette occasion que ces différentes plaques datant de 1786 à 1806 sont d'une typographie bien plus ancienne que les autres. Taillées sur de petite plaques carrées elles respectent les lettrages des plaques de l'époque de Guillaumot.

   
Catacombes de Paris rotonde  

La crypte de la passion fut également baptisée "rotonde des tibias" [M] en raison de cet aménagement circulaire uniquement constitué d'ossements. C'est dans cette petite crypte que se déroula le fameux concert souterrain de 1897 dans les catacombes (voir plus haut). On pourra constater sur la gravure de l'époque, l'absence de la rotonde autour du pilier caractéristique dont on aperçoit le haut du chapiteau, illustrant sans doute une liberté de l'auteur pour représenter la scène. Quelques mètres plus loin s'achève la visite de l'ossuaire proprement dit, fermé par une lourde porte de métal. Au fronton, la dernière inscription "Memoriae Majorum" (A la Mémoire de nos ancêtres) résume à elle seule l'esprit macabre et religieux dans lequel ce lieu fut aménagé, à la fois pour être visité et pour servir de dernière sépulture aux générations de Parisiens qu'il contient.

 

   
Fontis Catacombes de paris  

La dernière galerie de la visite de l'ossuaire passe à l'aplomb de la rue Dareau, anciennement baptisée "Rue des Catacombes", et dont il subsiste encore quelques plaques ou inscriptions sur les murs. Comme en témoignent les anciens plans, cette partie de la carrière autrefois très sinueuse fut entièrement remaniée et consolidée pour donner cette longue allée droite bordée de murs rectilignes. C'est sans doute la présence d'anciennes cloches de fontis [N] qui amena à sécuriser l'endroit par la construction de nombreux ouvrages de consolidations dont on trouve la trace à la toute fin de de la visite. En levant les yeux vers le ciel, on peut observer deux ouvrages spectaculaires datant de 1874 et 1875, s'élevant à une hauteur de plus de 11 mètres de haut. Cette visite s'achève sur les deux plaques explicatives détaillant les procédés de confortations des fontis dans ces carrières. Un escalier permet de regagner la sortie sous l'oeil attentif des gardiens des ossuaires, qui ne manqueront pas de vérifier qu'aucun visiteur indélicat n'aura ramené avec lui un souvenir macabre de cette visite dans les souterrains de Paris.

 

 

ANNEXES

(1) Le déchiffrage des plaques indicatives et des inscriptions manuscrites observables sous terre fait l'objet d'un topo complet [ici]

(2) L'histoire complète des sculptures de Décure et du site de Port Mahon font l'objet de documentations détaillées disponibles sur [ce site]

(3) Les cabinets de minéralogie souterrains sont détaillés sur [ce topo]

(4) Histoire du cimetière des Innocents

 


Visite des Catacombes de Paris

1, place Denfert Rochereau

Paris 14ème

Catacombes de paris memoriae majorum

Ce chapitre exclusivement consacré aux Catacombes de Paris s'adresse aux visiteurs de ce musée qui découvriront ou redécouvriront à travers cette visite, l'ossuaire municipal.  Si vous en voulez encore plus... toutes les documentations de ce site sont à votre disposition pour connaître tous les détails de l'entendue des souterrains qui couvrent Paris et sa proche banlieue.

Pour les plus pressés, ces trois documentations simplifiées sont proposées pour suivre ce parcours : L'indispensable plan du musée des catacombes de Paris, un petit topo permettant de déchiffrer facilement les plaques indicatives et  un document retraçant l'histoire du cimetière des innocents.

A la manière des premiers visiteurs à qui on précisait de se munir d'une bougie, il est vivement conseillé de se munir d'une petite lampe de poche, d'un pull et de son petit plan des catacombes avant de pénétrer dans cet endroit et de parcourir ses 1700m de galeries.

 

 


Enfin, si vous êtes curieux -ou curieuse de voir de quoi est fait le sous-sol de Paris,

 ou de découvrir la passionnante histoire de notre planète,

vous pouvez partir explorer ces mondes souterrains sur tous les autres sites proposés

sur  [explographie]  -  [geopedia]  ou  [gaïa]

 

ou en cliquant sur les petits liens juste en dessous...

 


 


 


Crédits :

Conception, réalisation, textes, photographies et documentation
nexus


Remerciements à :

A.G. et  M. Daniel Munier


Avec l'aimable relecture de :

M. Gilles Thomas, historien et auteur de l'Atlas du Paris Souterrain ed. Parigramme

et de M. Jean Denis  Vauguet, Géologue.


Adresses:

IGC Paris - 1 place Denfert Rochereau - 75014 PARIS

IGC Versailles - 145/147, rue Yves Le Coz 78000 VERSAILLES


Catacombes de Paris : sites officiels :

www.catacombes-de-paris.fr- www.paris.fr

 

 

Ce site est recommandé par

le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche

et peut être utilisé comme support pédagogique.

::  geopedia ::

Encyclopédie de la Terre et du Monde Souterrain

Accessible à tous publics.

 

logo geopedia

 

 

 

 

 

 

 

 

- index des sites -

 


 

  

explographies

[ cube ]

acethylene

géologie

 planches igc

catacombes

topos

cartographies

atlas 1855

salle K

geopedia

 

 

 

conception & réalisation

 

© 2001-2011 explographies.com
Textes, photographies et illustrations déposés.
- Tous droits réservés - Publication, reproduction totale ou partielle interdite. -